Aux
élections européennes, affirmer le camp des travailleurs face à celui du grand
capital
Le
gouvernement a commencé la « restitution » du grand débat national.
Des logiciels auraient analysé les deux millions de contributions et les 630
000 pages de doléances. Et d’après le Premier ministre Édouard Philippe, il en
ressort… qu’il faut baisser les dépenses publiques, les aides au logement
notamment ! Quel baratin ! Dans quelques jours, Macron annoncera ses
choix. Il n’en sortira rien de favorable aux classes populaires. Depuis le
début, ce grand débat était destiné à mettre un terme au mouvement des gilets
jaunes.
En
réalité, de nouvelles attaques contre les classes populaires se préparent. Il
n’est qu’à voir les ballons d’essai que le gouvernement vient de lancer à
propos des retraites. Macron s’était engagé à ce que l’âge de départ reste à 62
ans sous son mandat. Les ministres se succèdent maintenant pour expliquer qu’il
faut financer la dépendance et que l’espérance de vie augmente – ce qui était
vrai mais ne l’est plus. En outre, les employeurs se débarrassent souvent des
salariés bien avant qu’ils aient atteint 62 ans. Retarder l’âge légal, c’est
aussi préparer une baisse des pensions.
Autre
mesure : les tarifs d’EDF, qui avaient été gelés quand le mouvement des
gilets jaunes battait son plein, augmenteront de 6 % l’été prochain, soit
une centaine d’euros en plus par an pour une famille qui se chauffe à
l’électricité.
Quant
aux capitalistes, grand débat ou pas, ils n’ont pas interrompu leurs attaques
contre les travailleurs. En témoigne la situation des papeteries Arjowiggings,
en liquidation, et dont les ouvriers seront bientôt au chômage. À Blanquefort,
800 salariés vont être licenciés par Ford, une des plus grandes entreprises
mondiales. Carrefour a également annoncé la suppression de plus de 1 200
postes. Ses actionnaires se sont partagé 350 millions d’euros de dividendes,
mais cela ne leur suffit pas !
C’est
dans ce contexte que la campagne pour les élections au Parlement européen a
débuté. Une comédie bien réglée dans laquelle on veut limiter les choix aux pro
et anti-Européens.
D’un
côté, les macronistes, la droite et le PS vantent les mérites de la
construction européenne. Depuis 60 ans qu’elle a commencé, celle-ci ne s’est
faite que pour les capitalistes. Les marchandises, la finance et les crises
traversent les frontières sans contrôle. Mais l’UE n’a en rien harmonisé les
droits des salariés. À l’Est, les salaires sont inférieurs à 500 euros. Au Sud,
le chômage fait des ravages. Et l’Europe est devenue une forteresse dressée
contre les migrants. Aujourd'hui, le ministre Castaner en est, comme l’italien
Salvini, à dénoncer les ONG qui sauvent les migrants, accusées d’être « complices
des passeurs ».
Du côté
des souverainistes, entre Bardella, Philippot, Dupont-Aignan et Asselineau, ça
se bouscule au portillon. Ce sont des démagogues. Le bilan de l’UE n’est certes
pas glorieux, mais celui des États nationaux ne l’est pas non plus !
Lutte
ouvrière sera bien présente dans ces élections, même si France 2 n’a pas invité
Nathalie Arthaud à son débat de jeudi dernier, s’asseyant sans vergogne sur le
pluralisme. Nous y dirons que, en France comme en Europe, les travailleurs ne
doivent pas accepter de faire les frais de l’offensive capitaliste. Nous
affirmerons qu’ils doivent mettre en avant des revendications qui correspondent
à leurs intérêts.
Les
gilets jaunes se sont révoltés parce qu’ils ne pouvaient plus joindre les deux
bouts. Pour préserver nos conditions d’existence, il faut augmenter les
salaires, les pensions et les allocations, et les indexer sur les prix.
Contre
le chômage, il faut interdire les licenciements et créer des emplois, en
répartissant le travail entre tous, sans perte de salaire.
Contre
les grands patrons qui ferment des usines en prétendant être en difficulté, ou
sont même, comme Carlos Ghosn… spécialisés dans le transfert d’argent vers
leurs poches, il faut abolir le secret des affaires. Les salariés, les usagers
et les consommateurs doivent pouvoir contrôler les comptes des entreprises.
Il
faudra de puissantes luttes collectives du monde du travail pour inverser le
rapport de force et imposer les exigences du camp des travailleurs. Mais dans
ces élections, nous pourrons au moins l’affirmer en votant pour la liste Lutte
ouvrière conduite par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier. Affirmer le camp
des travailleurs, dire ce que sont ses exigences contre le camp du grand
capital industriel et financier, c’est déjà se préparer aux combats de demain.
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