Attaques racistes contre des Roms
Plusieurs
agressions contre des Roms, provoquées par des rumeurs sur les réseaux sociaux
les accusant d'enlèvement d'enfants, ont eu lieu ces jours derniers en banlieue
parisienne. À Bobigny, une cinquantaine de personnes armées de bâtons et de
couteaux ont menacé un campement lundi dernier.
Les
autorités expliquent que ces rumeurs ne reposent sur rien. Mais le fait
qu'elles aient circulé si rapidement reflète, dans une certaine mesure, que la
société dans laquelle nous vivons encourage les pires préjugés. Ce sont les
fruits pourris de l'ignorance, de la misère morale et même matérielle que
génère cette société qui se prétend civilisée, mais qui véhicule la barbarie.
Mémorial
à Berlin du génocide des Roms par les nazis. 200 000 noms y sont inscrits
Violences anti-Roms,
indignation et appel à l’action
Paris, Seine-Saint-Denis, le 27 mars 2019
Suite aux violences récentes, dans plusieurs villes de la région
parisienne, perpétrées à l’encontre des personnes Roms ou perçues comme Roms,
les associations condamnent ces actes racistes et appellent à une protection
pérenne des personnes concernées.
Nos associations et collectifs ont recueilli les témoignages de nombreuses
personnes qui ont relaté les faits qui se sont déroulés ces derniers jours dans
plusieurs villes d’Ile de France[1], et tout
particulièrement dans la nuit du lundi 25 mars : descentes d’hommes armés dans
les bidonvilles, menaces de mort ou d’incendie, coups de feu tirés sur les
lieux de vie des personnes, agressions physiques.
Les personnes concernées témoignent des effets délétères de ces
violences : elles vivent depuis plusieurs jours dans la terreur d’être victimes
d’actes malveillants, les enfants ne dorment plus, les adultes s’organisent
pour veiller toute la nuit, en bref, la vie est suspendue. Les personnes qui
vivent en bidonvilles et/ou qui conduisent une camionnette (pour leur
activité de ferraillage le plus souvent) n’osent souvent plus en sortir
pour poursuivre leurs activités habituelles (travail, école, courses
alimentaires, soins de santé…). Les familles doivent cesser de vivre dans la terreur.
Pour nos associations, ces actes violents sont des actes racistes et
doivent être dénoncés et condamnés comme tels. Il est intolérable qu’une
communauté dans son ensemble, quelle qu’elle soit, réelle ou imaginée, soit
prise pour cible et serve de bouc émissaire. Le racisme anti-roms est, en
France, le racisme le plus généralisé. Ce rejet a été alimenté, ces
dernières années, par des paroles inacceptables de responsables politiques, du
discours de Grenoble de N. Sarkozy en 2010, aux propos de M. Valls en 2013 en
passant par des propos racistes très fréquents de la part d’élus locaux. Il
trouve également son terreau dans les clichés, stéréotypes, préjugés véhiculés
dans toute la société française.
Aujourd’hui, aux côtés des Roms vivant en France, nous appelons les
pouvoirs publics à prendre la mesure de ces événements et à agir fortement
pour protéger les personnes concernées. Aucune rumeur ne peut justifier de
commettre des actes qui s’apparentent à une punition collective. Nous saluons
la réaction des forces de l’ordre dans certaines villes et appelons à une
protection systématique et effective face aux menaces. Nous attendons également
une parole forte des pouvoirs publics pour dénoncer ces actes inacceptables,
sans détour. Enfin, il est absolument nécessaire que des enquêtes de police
soient diligentées et que des poursuites soient engagées contre les auteurs de
ces évènements graves.
Au-delà de ces événements, c’est la lutte contre la précarité, le
renforcement des capacités d’agir des personnes et leur participation aux
politiques publiques qui les concernent qu’il faut déployer avec une ambition
plus affirmée, et ce pour tous les habitants des quartiers populaires, qu’ils
soient Roms ou non. Il est urgent qu’une volonté politique soit portée
clairement par le gouvernement pour imposer des conditions du vivre-ensemble afin
de mettre fin aux discriminations et à la précarité.
[1] Grâce aux échanges avec
les habitants de squats et bidonvilles sur le terrain, nos associations ont
recensé des faits de violences ou intimidation à Colombes, Clichy sous
Bois/Montfermeil, Aulnay/Sevran, Nanterre, Montreuil, Bondy, St Ouen, Bobigny,
Champs sur Marne
Contacts presse :
Collectif National Droits de l’Homme Romeurope : Manon Fillonneau
06 68 43 15 15
Médecins du Monde : Fanny Mantaux – Insaf Rezagui 06 09
17 35 59
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