Ascoval, Ford, PSA : contre la
logique capitaliste, nos intérêts de travailleurs !
« Il faudrait faire payer l’impôt à
tous, y compris aux plus modestes », a proposé la ministre de la
Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault. Le gouvernement a aussitôt
démenti, mais un de ses représentants aura à son tour joué sa petite musique
contre les plus pauvres. Quelques jours plus tôt, Edouard Philippe avait
expliqué qu’il faudrait exiger des « contreparties » en échange du
RSA, comme si les bénéficiaires des aides sociales étaient de bienheureux profiteurs.
Dans la même veine, Gourault pointe du doigt les travailleurs non imposables
sur le revenu qui n’auraient pas « le sens de l’impôt » !
Il fallait oser ce mensonge
grossier, alors que même les smicards, les précaires, les chômeurs ou les
retraités au minimum vieillesse payent la TVA, l’impôt le plus inégalitaire qui
soit, puisqu’il est au même taux pour tous, milliardaires comme ouvriers.
Inspirées par leur chef, les
troupes de Macron savent désigner les plus modestes comme des irresponsables
auxquels il faudrait inculquer le sens du bien commun. Et elles rivalisent
d’imagination pour proposer de nouvelles façons de présenter l’addition aux
classes populaires, au nom de la justice sociale. Pour ce gouvernement comme pour ses
prédécesseurs, tout est envisageable, sauf s’en prendre aux capitalistes, aux
véritables fabricants du chômage et de la pauvreté.
Ces derniers jours, des annonces
de fermetures d’entreprises se sont succédé dans le pays. À Blanquefort, près
de Bordeaux, c’est Ford qui confirme la fermeture de son usine et laisse 800
travailleurs sur le carreau, sans compter ceux des sous-traitants. Dans l’Est,
PSA veut transférer sa production d’Hérimoncourt à Vesoul, à plus de 80 km de là,
menaçant les emplois de 200 ouvriers en CDI et 30 intérimaires. Ce sont autant
de catastrophes pour des centaines de familles de travailleurs.
« Ces gens-là jouent avec
les vies de 280 personnes », s’est exclamé un ouvrier de l’aciérie
Ascoval à Saint-Saulve, dans le Nord. Il commentait l’annonce par le repreneur
Altifort qu’il n’avait pas les fonds nécessaires pour remettre l’activité en
route. C’est le trust Vallourec, riche à milliards, qui s’était débarrassé de
l’aciérie en 2017. Du ministre Bruno Le Maire au président de la région Xavier
Bertrand, tous avaient parlé de l’injustice de cette fermeture et même de
l’irresponsabilité de Vallourec.
Aux mensonges des capitalistes
pour justifier les fermetures d’usines succèdent les mensonges des dirigeants
politiques, justifiant leur impuissance par de prétendues réalités économiques,
la concurrence ou les décisions de groupes privés. Ceux-là, il n’est jamais
question de les contraindre à quoi que ce soit ! Les politiciens, si
prompts à menacer les chômeurs et les bénéficiaires d’aides sociales qui ne
permettent que de survivre, n’ont exigé aucune contrepartie aux centaines de
millions d’euros que l’État a versés à Vallourec au fil des ans, en prétendant
sauver les emplois et l’usine.
Oui, dans sa course au profit, le
grand capital ne tient pas compte de la vie des familles ouvrières qu’il
condamne, des régions où toute la vie sociale se dégrade quand le travail
disparait. Les travailleurs n’ont que leur salaire pour vivre et ils n’ont la
main sur aucune des décisions qui affectent toute leur vie. Le pouvoir d’achat,
les contraintes et la durée du travail, l’organisation de la vie de famille,
rester dans une région ou en partir faute d’emploi : toute notre vie
dépend des intérêts d’une poignée de grands actionnaires.
Cette logique n’écrase pas
seulement la classe ouvrière. Les petits commerçants d’Hérimoncourt, qui ont
baissé le rideau et manifesté aux côtés des travailleurs de PSA contre la
fermeture de l’usine le savent. Ils dépendent du pouvoir d’achat des
travailleurs et sont bien souvent sous la coupe des banques et des
fournisseurs. Et parmi les agriculteurs, auprès desquels Macron est allé faire
son show à l’ouverture du Salon de l’agriculture, combien ne vivent pas de leur
travail, pris en tenaille entre les prêts bancaires d’un côté et la grande
distribution de l’autre ?
Dans ce capitalisme en crise, la
grande bourgeoisie intensifie l’exploitation pour maintenir ses profits. Elle
continuera à tirer les travailleurs en arrière s’ils n’organisent pas la
riposte. Les travailleurs sont au centre de la production et font fonctionner
toute la société. Ils peuvent imposer leur contrôle à ces grands groupes, dont
les décisions conditionnent le droit à l’existence des classes populaires. Oui,
les travailleurs ont les moyens de contester la domination du grand capital,
qui menace l’avenir de toute la société.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire