Plan
pauvreté : de la poudre aux yeux
Macron a détaillé le 13 septembre
son plan dit « de lutte contre la pauvreté », présenté par la presse comme le
virage social du quinquennat. C’en serait fini du président des riches. On est
pourtant bien loin du président des pauvres.
Le gouvernement prétend qu’il va
y consacrer 8,5 milliards d’euros sur quatre ans. Cela fait 67 centimes par
personne et par jour. Autant dire que c’est du vent. Il bavarde sur la mise en
place de petits déjeuners dans les écoles pour les enfants qui n’en prennent
pas, mais sans préciser qui paiera. Les tarifs sociaux dans les cantines
scolaires, avec des repas à 1 euro pour les plus pauvres, seront généralisés,
mais pour 200 000 à 300 000 enfants, sur 3 millions considérés comme pauvres.
Et puis, derrière la
communication, il y a la réalité de la politique du gouvernement. Son plan veut
ainsi rendre obligatoire la formation jusqu’à 18 ans des 20 000 jeunes sortant
chaque année du système scolaire sans diplôme, alors qu’il supprime 1 400
postes d’enseignants, des milliers de postes de fonctionnaires et licencie des
dizaines de milliers de contrats aidés.
Il promet, comme tous ses
prédécesseurs, de résorber les bidonvilles d’ici 2022 et de créer des
structures pour accueillir les familles, alors qu’il baisse les budgets des
organismes HLM et réduit l’obligation pour les communes de construire des
logements sociaux, contraignant ainsi bien des familles pauvres à vivre dans
des logements précaires.
Enfin, Macron a annoncé la fusion
du RSA, des aides au logement et de la prime d’activité dans une allocation
unique. Le gouvernement jure ses grands dieux que les allocataires n’y perdront
pas un centime, bien au contraire. Un rapport réalisé pour Matignon, que la
presse avait publié au mois d’août, calculait pourtant qu’une telle fusion
pourrait entraîner une baisse de ressources pour 3,55 millions de ménages. Sous
prétexte de simplifier les aides pour les bénéficiaires qui aujourd’hui ne les
perçoivent pas, parce qu’ils ignorent comment les demander ou même qu’ils
peuvent y prétendre, le plan du gouvernement vise en fait à les diminuer pour
tous. D’autant que ce revenu prétendu universel sera assorti d’une injonction à
travailler : les futurs allocataires devront ainsi signer un contrat,
suivre un parcours de réinsertion et ne pourront refuser plus de deux offres
d’emploi, ou d’activité, sous peine de sanction.
Sous le prétexte bien connu de
favoriser le retour à l’emploi, il s’agit donc d’aggraver encore la pression
sur les chômeurs. Les discours qui ont accompagné l’annonce du plan le
montrent. Fustiger encore et toujours les pauvres pour les rendre responsables
de leur sort, c’est une façon pour le gouvernement de leur faire la guerre.
L’argument de la lutte contre la
pauvreté sert ici de camouflage à un véritable plan d’économies aux dépens des
plus pauvres. Bien loin d’un virage, c’est en droite ligne avec toute la
politique du gouvernement : pour protéger la bourgeoisie de la crise, il
accroît légalement l’exploitation, précipitant une partie des travailleurs dans
la misère, tout en arrosant cette même bourgeoisie de subventions et d’aides
diverses, puisées directement dans les caisses de l’État et sur les budgets
sociaux. Bien loin de faire diminuer la pauvreté, cela ne peut au contraire que
l’aggraver.
Jacques
Le Gall (Lutte ouvrière n°2616)
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