Face à
l’inflation, échelle mobile !
En un an les prix auraient
augmenté de 2,2 % d’après le gouvernement. Mais la réalité est que les salaires
ne permettent plus de joindre les deux bouts, même pour ceux qui ont un emploi
stable.
D’année en année, les hausses des
prix ont considérablement fait reculer le niveau de vie des travailleurs. Et
elles sont d’un tout autre niveau que ce qu’affirment les instituts officiels.
Depuis janvier 2018, le gaz a augmenté de plus de 16 %, le timbre-poste de
plus 13 %, les fruits et légumes d’au moins 5 %, les boissons
gazeuses sucrées de plus de 20 % à cause de la hausse d’une taxe
spécifique, le beurre de plus 10 %, à quoi s’ajoute bien sûr la hausse des
prix de l’essence, du diesel et du fioul. Les salaires, eux, sont restés au
plancher.
Dans cette économie capitaliste,
les prix varient en fonction d’un nombre considérable de paramètres
Le prix des carottes par exemple
aurait explosé de 43 %, à cause de la canicule, paraît-il. Mais les
capitalistes, les grands comme les petits, ont la possibilité de répercuter les
hausses de ce qu’ils achètent sur ce qu’ils vendent, et de les reporter sur le
consommateur. L’État complète ces hausses en ajoutant ses taxes, comme la TVA,
la taxe sur les produits pétroliers ou encore celle sur les sodas. En bout de
chaîne, seuls les travailleurs ne font que payer.
Tant que l’économie est dominée
par le marché, et que l’État est au service du grand patronat, les hausses des
prix sont imprévisibles et inévitables. La seule manière pour les travailleurs
de s’en protéger est de se battre collectivement pour des hausses de salaire.
Mais cela ne peut encore suffire.
Après la grève générale de juin
1936 ou celle de mai 1968, les salaires nominaux avaient beaucoup augmenté.
Mais dans les mois qui ont suivi, les patrons se sont vengés par le biais des
hausses de prix, entraînant une inflation qui annulait la hausse des salaires.
Les travailleurs et l’ensemble
des couches populaires ne peuvent pas se fier aux statistiques officielles pour
juger de la hausse des prix. Ils doivent se donner les moyens de contrôler
eux-mêmes directement les prix des biens de consommation, à travers des comités
de consommateurs et des comités de travailleurs dans les entreprises, à
commencer par celles de la distribution. Et, par leurs luttes, ils peuvent
imposer que les salaires, les pensions et toutes les allocations soient
constamment réévalués en fonction des hausses des prix qu’ils auront constatées
eux-mêmes.
Pour l’ensemble de la classe
ouvrière – les travailleurs en activité, les retraités et les chômeurs – le
seul moyen de ne pas se laisser appauvrir est d’imposer cette échelle mobile
des salaires et des pensions établie sous leur propre contrôle.
Pierre ROYAN (Lutte ouvrière n°2622)
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