Femmes en
lutte pour l’égalité
Dans un discours le 13 août,
journée de la femme en Tunisie, le président Caïd Essebsi a annoncé son soutien
au projet de loi établissant l’égalité en matière d’héritage. Jusqu’à ce jour
en effet, la loi tunisienne s’appuyant sur le droit islamique prévoit qu’un
homme hérite du double d’une femme, au même degré de parenté.
Essebsi se fonde sur le rapport de
la Colibe, commission pour les libertés qu’il a mise en place il y a un an,
pour prendre position sur un sujet qui est loin d’être seulement symbolique.
Si le Code du statut personnel
instauré en 1956 sous Bourguiba a aboli officiellement la polygamie, remplacé
la répudiation par le droit au divorce et instauré un âge minimum du mariage
(15 ans, puis 18 ans), il a soigneusement évité de s’attaquer à l’héritage.
Depuis, malgré le départ forcé du
dictateur Ben Ali et le recours à une nouvelle Constitution dite plus
démocratique, seules les organisations féministes et certains militants
d’extrême gauche ont continué à mener, parmi d’autres combats, celui pour
l’égalité femmes-hommes. Le tabou de l’héritage tient bon, au nom, prétendent
ses défenseurs, en particulier au sein du parti islamiste Ennahda, du rôle de
chef de foyer joué par l’homme, qui devrait de ce fait être avantagé.
Ennahda, allié du parti du
président au sein du gouvernement, ainsi que d’autres courants réactionnaires
ont organisé le 11 août à Tunis, à la veille du discours d’Essebsi, une
manifestation contre le projet de loi regroupant plusieurs milliers
d’opposants. Mais les femmes mobilisées pour l’égalité et les partisans du
projet de loi se sont rassemblés à leur tour à Tunis peu après le discours. Ils
entendaient notamment protester contre l’intention d’Essebsi de céder aux
réactionnaires en ne rendant pas l’héritage égal obligatoire, en laissant
ouverte la possibilité du partage traditionnel, motivé et appuyé par un
huissier-notaire.
Rien n’est donc acquis pour
l’égalité femmes-hommes, dans ce domaine comme dans d’autres, en matière
d’emploi et de salaire.
Et la mobilisation des femmes
travailleuses et tous les hommes qui appuient ce combat est toujours aussi
nécessaire.
Viviane
LAFONT (Lutte ouvrière n°2611)
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