La
banlieue, le président et sa com’
« Vous êtes un exemple pour tout un tas de
jeunes », « Ne changez pas ! Restez vous-mêmes ! Souvenez-vous toujours de là
d’où vous venez, des clubs qui vous ont formés, de
vos parents qui n’ont pas compté leurs heures », a déclaré Macron à
l’Élysée le 16 juillet, lors de la réception des Bleus, devant 3 000 invités.
Des centaines de jeunes étaient
venus, notamment de clubs de banlieues populaires où avaient commencé à évoluer
Mbappé, Pogba, Matuidi et Kanté. Macron voudrait faire un peu oublier qu’il est
le président des riches et, depuis la victoire des Bleus, il mouille le
maillot.
Tous les joueurs ont eu droit aux
embrassades de Macron, comme s’il était leur copain depuis toujours. Comme s’il
était un peu aussi des quartiers pauvres, alors que toute sa carrière s’est
déroulée sous les auspices de la haute finance et sous les ors de la
République.
Lors de la première étoile des
Bleus, pour se faire mousser, Chirac les avait accueillis sur le perron de
l’Élysée. Vingt ans après, Macron en rajoute sous l’œil des caméras,
multipliant les gestes d’affection et prenant la pose sur le mode guerrier
qu’affectionnent les footballeurs, à la suite des handballeurs.
« C’est ça la France », a lancé
Macron, celle des quartiers, celle qui gagne. Pour celles et ceux qui se
souviennent de 1998 au stade de France, à Saint-Denis, en banlieue donc, cela a
un air de déjà-vu. À l’époque, en célébrant l’équipe black-blanc-beur, les
politiques juraient que cela inaugurait une ère nouvelle pour les habitants des
banlieues. Défavorisées à l’époque, elles le sont restées. Leur situation
continue de se dégrader, comme s’est aggravé sous les coups du patronat et des
gouvernements successifs le sort des classes laborieuses en général.
Et cela ne risque pas de
s’arranger, quand même le très timide plan banlieue de Borloo, commandé par le
pouvoir, a filé à la poubelle. Alors, Macron veut donner le change. Et ses
ministres aussi, tel celui à la Cohésion des territoires, Mézard, qui est allé
pérorer à Marseille sur l’insertion par le sport.
Si, avec tout ça, les jeunes des
banlieues ne s’en sortent pas, ce sera de leur faute ! Car c’est ce que
signifie Macron quand il déclare : « Une compétition est réussie quand elle
est gagnée. » En sport, pour qu’une équipe gagne, il faut que toutes les
autres perdent. Et pour que les patrons réussissent, il faut que tous les
autres, les travailleurs, les petits, soient perdants. En attendant que ces
derniers sortent le carton rouge pour ce système capitaliste et pour les
politiciens qui le défendent.
Pierre
LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2607)
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