Plus d’un mois après le démarrage
de leur mouvement, le 18e jour de grève des cheminots a été un succès. La
mobilisation a rejoint les plus hauts niveaux du début de leur lutte. Les
trois-quarts des conducteurs et des contrôleurs, ainsi qu’une bonne partie du
personnel des gares, des aiguillages, de l’équipement ou du matériel étaient en
grève, faisant du 14 mai une journée sans cheminots et sans trains sur bien des
lignes.
C’est un démenti cinglant aux
mensonges de la direction qui, relayée par les médias, annonce chaque semaine
que le mouvement s’érode et qui compte les cars de remplacement comme des
trains circulants pour minimiser l’impact de la grève. Elle ajoute d’ailleurs
la calomnie au mensonge, évoquant des « menaces d’exactions et de blocages
de gares », comme si la grève était le fait d’une minorité d’excités !
La réalité, c’est que les
grévistes ont milité pour le succès de cette journée. Ils ont fait le tour des
gares, des dépôts, des ateliers, pour convaincre tous ceux qui participent au
mouvement de manière occasionnelle ou qui ne se mobilisent pas d’habitude de
les rejoindre ce jour-là. Et la participation élevée à la grève est le meilleur
des référendums pour montrer que la réforme de Macron ne passe pas !
Depuis le début du mouvement, la
direction et le gouvernement jurent la main sur le cœur que la SNCF restera
publique. Mais une note de travail entre la SNCF et le gouvernement prouve que
la privatisation est bien en projet. Tout ce beau monde ment sans vergogne !
Alors oui, les cheminots ont mille fois raison de rejeter cette réforme, qui
prétend leur imposer la régression de leurs conditions de travail, de leurs
salaires, de leurs retraites ; mille fois raison de s’opposer à toute cette
politique qui sera un cadeau au capital et un recul pour les travailleurs du
rail comme pour les usagers !
En refusant de se soumettre, les
cheminots contribuent à changer le climat social. Leur résistance est un
obstacle sur la route de Macron, dont la réforme de la SNCF s’inscrit dans
l’offensive menée contre le monde du travail depuis des années.
Une entreprise après l’autre, les
travailleurs ont encaissé les coups, les fermetures de sites, les
licenciements, la précarité généralisée, le sacrifice de jours de congés, la
baisse des salaires, à coups de chantages à la compétitivité.
Les mesures des gouvernements
successifs ont accompagné cette régression imposée par le patronat avec des
mesures taillées pour faciliter l’exploitation. Au nom de la reprise bien sûr,
avec la promesse que fabriquer des chômeurs aujourd’hui permettrait des emplois
futurs et que les sacrifices actuels feraient la prospérité de demain.
La prospérité est effectivement
au rendez-vous… pour la bourgeoisie dont les milliards s’amoncellent. Les
actionnaires se gavent en empochant une part toujours plus grande des
bénéfices. Les actionnaires des 40 plus grandes entreprises françaises ont
ainsi plus que doublé la part des bénéfices qu’ils s’attribuent, passant de 30
% à 67 % ces quinze dernières années. Voilà à qui profite la politique
anti-ouvrière des gouvernements successifs, aggravée par Macron !
Cette politique a suscité des
réactions, des manifestations contre la loi El Khomri ou contre la casse du
Code du travail aux protestations contre les mesures amputant les pensions des
retraités, réduisant les APL, renforçant le contrôle des chômeurs pour les
obliger à accepter n’importe quel boulot précaire. Mais il n’y a pas eu
d’opposition suffisamment massive et déterminée pour la faire reculer.
Avec leur grève, qui reste solide
et déterminée, les cheminots ont relevé la tête. C’est ce qui leur attire la
sympathie d’une majorité de travailleurs. Leur mouvement contribue, même de
manière limitée, à nous redonner confiance en nos forces, à faire progresser la
conscience que nous avons les moyens d’arrêter l’offensive de la classe
capitaliste.
Oui, nous les travailleurs, qui
produisons tout dans cette société, avons le pouvoir de barrer la route à
l’offensive de la bourgeoisie. Nous pouvons nous opposer à la logique de ce
système capitaliste en déclin. Un système qui, dans les pays riches comme la
France, fait la guerre aux travailleurs pour ramener leurs conditions de vie et
de travail un siècle en arrière et qui condamne des populations entières au
sous-développement, semant barbarie et chaos à travers le monde.
Pour refuser cet avenir-là, il
faut préparer le nôtre !
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