SNCF : les grévistes déterminés
Le
Premier ministre, Edouard Philippe, a accepté d’entamer directement des
discussions avec les organisations syndicales le 7 mai. Ce n’est en aucun cas
le commencement d’un recul, mais c’est l’aveu qu’il est aujourd’hui dans
l’incapacité de mettre fin au mouvement de grève des cheminots. Après trois
semaines, celui-ci reste solide et déterminé.
La
presse et la direction de la SNCF ont tenté la désinformation en parlant d’un
essoufflement de la grève le 18 avril. Mais elles prenaient leurs désirs pour
des réalités, car dès le lendemain, jour de la manifestation
interprofessionnelle, d’après les chiffres de la SNCF, le nombre de grévistes
remontait même au-dessus de la semaine précédente.
Les 23
et 24 avril, nouvelles journées dans le calendrier syndical de deux jours sur
cinq, le nombre de grévistes, restait important, en particulier chez les
conducteurs avec 63,4 % de grévistes, et plus d’un contrôleur sur deux. À
l’exécution (hors maîtrise et encadrement), 27 % des cheminots étaient en grève
à l’échelle nationale et plus de 50 % dans plusieurs régions.
La
proportion de cheminots dans le mouvement est en réalité encore bien plus large
: dans de nombreux secteurs, des cheminots choisissent de ne participer qu’à
certaines journées parmi celles du calendrier. Mais les mêmes se sentent partie
prenante du mouvement et seront à nouveau grévistes.
Autre
signe de vitalité du mouvement : il n’y a eu aucun découragement face aux
déclarations de Macron, Philippe ou Pepy. Au contraire, leurs mensonges
indignent. Il en va de même des annonces gouvernementales concernant la
filialisation du fret, ou le prétendu « sac à dos social » en cas de transfert
de cheminots au privé : cela achève de convaincre qu’en cas de défaite, les
attaques frapperaient tout le monde et très rapidement. La détermination à
poursuivre le combat est donc intacte et à la hauteur de l’attaque.
Le
gouvernement peut sans doute multiplier les déclarations et gesticulations,
mais pas les trains en circulation… car ce sont les travailleurs, et eux seuls,
qui les font rouler.
Les
cheminots ont réussi depuis trois semaines à construire un mouvement qui pose
problème au gouvernement, ce conseil d’administration de la bourgeoisie. D’une
part sur le plan économique, car de nombreux patrons se plaignent : les uns de
perdre des clients, d’autres du retard de leurs salariés, d’autres encore des
ruptures d’approvisionnement par fret ferroviaire. Mais le problème du
gouvernement est aussi et surtout sur le plan politique : une fraction du monde
du travail, présente à l’échelle du pays, tient tête fièrement et montre qu’il
est possible de résister.
Il est
donc vital de maintenir et de renforcer cette mobilisation pour faire barrage
aux attaques patronales.
Christian
BERNAC (Lutte ouvrière n°2595)
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