jeudi 12 avril 2018

19 avril, en grève ! en manifestation !


19 avril : toutes les raisons de manifester ensemble

La CGT appelle à une journée de mobilisation interprofessionnelle le 19 avril 2018, une action à laquelle certains autres syndicats pourraient se rallier dans les jours à venir.  

Ce jour sera aussi un jour de grève des cheminots et le gouvernement n’a pas manqué de prétendre que les salariés n’avaient aucune raison de lier leurs mécontentements. Ainsi Édouard Philippe a déclaré qu’il a « du mal à voir la convergence entre ceux qui sont opposés à la réforme ferroviaire et les salariés d’Air France qui demandent des salaires plus élevés. Ce ne sont pas les mêmes objectifs. » De son côté, la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, Brune Poirson, s’est exprimée pour dire que les universités « n’ont rien à voir avec la SNCF. Qu’est-ce qui pourrait faire office de dénominateur commun ? Rien, sauf le refus du changement, l’immobilisme.»
N’en déplaise au gouvernement et aux nombreux commentateurs qui relaient cette opinion, un lien existe entre toutes ces mobilisations. Les mesures déjà prises à l’encontre des travailleurs et celles qui sont projetées répondent à la même préoccupation, réduire la masse salariale. Dans le privé, le gouvernement aide les patrons à remettre en cause le CDI, en facilitant les licenciements, en ouvrant de nouvelles possibilités de contrats précaires. Toute une propagande est menée pour opposer ceux qui détiennent une certaine sécurité de l’emploi à ceux qui sont au chômage. La possibilité de déroger à une convention collective vise à permettre aux patrons de réduire les quelques protections des salariés d’une même branche. Et puis, alors que le gouvernement bloque les salaires des fonctionnaires, les patrons refusent d’augmenter leurs salariés, quels que soient les résultats de leur entreprise.
Dans la fonction publique, sous prétexte de la transformation des tâches du fait du développement du numérique, le gouvernement annonce la disparition de 120 000 postes, la remise en cause de l’évolution du salaire et discute du périmètre de la fonction publique. Sous des termes à peine voilés, il compte avoir recours à davantage de précaires, de sous-traitance et de privatisations. Ce que Macron appelle garder le statut en introduisant de la souplesse est concrètement la volonté d’en finir avec une certaine garantie de l’emploi et avec la hausse progressive des salaires par l’ancienneté. Avec le salaire au mérite, le gouvernement cherche tout simplement à réduire la part des salaires dans le budget.
Le plan de départs prétendument volontaires concernera en particulier ceux dont la fonction aura disparu ou été réorganisée. Tout comme ceux du privé aujourd’hui, ces salariés auront une épée de Damoclès au-dessus de la tête ; ils devront partir, subir un éloignement géographique ou des conditions de travail dégradées. Il y a déjà plus d’un million de précaires dans les trois secteurs de la fonction publique. Le gouvernement affirme son intention d’augmenter encore leur nombre et enlève tout espoir de plan de titularisation pour ceux qui travaillent déjà depuis des années pour des salaires moindres avec la crainte de voir leur contrat non renouvelé.
Le lien entre privé et public a été fait à plusieurs reprises par Macron lui-même dans son argumentation. Par exemple, le 1er février, il justifiait la nécessité de transformer l’État afin qu’il puisse « se réorganiser au plus vite, comme le font les entreprises », ajoutant : « Sinon, vous gérez tout par le statut, y compris l’impossibilité de bouger. »
Quant aux réformes de l’université, quel est leur but réel sinon d’éviter d’augmenter le nombre de salles, de professeurs, d’administratifs tout en prétendant être au service des étudiants ?
Le 19 avril, les grévistes et manifestants n’auront pas une même revendication, mais ils s’opposeront ensemble aux objectifs du patronat, augmenter l’exploitation d’où il tire ses profits, et de l’État, faire payer aux salariés le pillage du budget en faveur des entreprises et des plus riches.

                                                 Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2593)

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