19 avril
: toutes les raisons de manifester ensemble
La CGT appelle à une journée de
mobilisation interprofessionnelle le 19 avril 2018, une action à laquelle
certains autres syndicats pourraient se rallier dans les jours à venir.
Ce jour sera aussi un jour de
grève des cheminots et le gouvernement n’a pas manqué de prétendre que les
salariés n’avaient aucune raison de lier leurs mécontentements. Ainsi Édouard
Philippe a déclaré qu’il a « du mal à voir la convergence entre ceux qui
sont opposés à la réforme ferroviaire et les salariés d’Air France qui demandent
des salaires plus élevés. Ce ne sont pas les mêmes objectifs. » De son
côté, la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique,
Brune Poirson, s’est exprimée pour dire que les universités « n’ont rien à
voir avec la SNCF. Qu’est-ce qui pourrait faire office de dénominateur commun ?
Rien, sauf le refus du changement, l’immobilisme.»
N’en déplaise au gouvernement et
aux nombreux commentateurs qui relaient cette opinion, un lien existe entre
toutes ces mobilisations. Les mesures déjà prises à l’encontre des travailleurs
et celles qui sont projetées répondent à la même préoccupation, réduire la
masse salariale. Dans le privé, le gouvernement aide les patrons à remettre en
cause le CDI, en facilitant les licenciements, en ouvrant de nouvelles
possibilités de contrats précaires. Toute une propagande est menée pour opposer
ceux qui détiennent une certaine sécurité de l’emploi à ceux qui sont au
chômage. La possibilité de déroger à une convention collective vise à permettre
aux patrons de réduire les quelques protections des salariés d’une même
branche. Et puis, alors que le gouvernement bloque les salaires des
fonctionnaires, les patrons refusent d’augmenter leurs salariés, quels que
soient les résultats de leur entreprise.
Dans la fonction publique, sous
prétexte de la transformation des tâches du fait du développement du numérique,
le gouvernement annonce la disparition de 120 000 postes, la remise en cause de
l’évolution du salaire et discute du périmètre de la fonction publique. Sous
des termes à peine voilés, il compte avoir recours à davantage de précaires, de
sous-traitance et de privatisations. Ce que Macron appelle garder le statut en
introduisant de la souplesse est concrètement la volonté d’en finir avec une
certaine garantie de l’emploi et avec la hausse progressive des salaires par
l’ancienneté. Avec le salaire au mérite, le gouvernement cherche tout
simplement à réduire la part des salaires dans le budget.
Le plan de départs prétendument
volontaires concernera en particulier ceux dont la fonction aura disparu ou été
réorganisée. Tout comme ceux du privé aujourd’hui, ces salariés auront une épée
de Damoclès au-dessus de la tête ; ils devront partir, subir un éloignement
géographique ou des conditions de travail dégradées. Il y a déjà plus d’un
million de précaires dans les trois secteurs de la fonction publique. Le
gouvernement affirme son intention d’augmenter encore leur nombre et enlève
tout espoir de plan de titularisation pour ceux qui travaillent déjà depuis des
années pour des salaires moindres avec la crainte de voir leur contrat non
renouvelé.
Le lien entre privé et public a
été fait à plusieurs reprises par Macron lui-même dans son argumentation. Par
exemple, le 1er février, il justifiait la nécessité de transformer l’État afin
qu’il puisse « se réorganiser au plus vite, comme le font les entreprises »,
ajoutant : « Sinon, vous gérez tout par le statut, y compris
l’impossibilité de bouger. »
Quant aux réformes de
l’université, quel est leur but réel sinon d’éviter d’augmenter le nombre de
salles, de professeurs, d’administratifs tout en prétendant être au service des
étudiants ?
Le 19 avril, les grévistes et
manifestants n’auront pas une même revendication, mais ils s’opposeront
ensemble aux objectifs du patronat, augmenter l’exploitation d’où il tire ses
profits, et de l’État, faire payer aux salariés le pillage du budget en faveur
des entreprises et des plus riches.
Inès Rabah (Lutte ouvrière n°2593)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire