Lait
contaminé : le scandale et ses raisons
Plus de 500 parents de
nourrissons ayant consommé du lait en poudre produit par Lactalis se sont
organisés en association de défense. Malgré les déclarations du PDG du groupe
sur son engagement à assurer ses responsabilités et à indemniser les victimes,
certaines familles ont commencé à déposer des plaintes pour connaître la
vérité.
Car, si les premiers signalements
de bébés malades datent de septembre, il aura fallu attendre le 8 décembre pour
que Lactalis arrête la production dans son usine de Craon, et le 12 janvier
pour que le patron sorte de sa réserve et se présente au rendez-vous fixé par
le ministre de l’Économie. Le 14, il n’en continuait pas moins d’affirmer dans
les colonnes d’un hebdomadaire « qu’il n’y a pas eu de manquements de notre
part sur les procédures ». Et c’est sans doute avec cet état d’esprit et
beaucoup de mépris que, quelques jours après, comme le rapporte le quotidien La
Nouvelle République du 20 janvier, Lactalis a proposé à des parents de les
dédommager contre promesse de ne pas déposer plainte. Et de leur promettre de
rembourser 11 euros pour chaque boîte achetée 24 euros ! Une offre qui ne peut
évidemment être ressentie que comme une provocation.
37 nourrissons ont été à ce jour
gravement malades. Un cas a été détecté en Espagne, un est soupçonné en Grèce.
Mais pas moins de 12 millions de boîtes ont été commercialisées dans 83 pays.
Alors, combien étaient contaminées dans tous ces lots ? Le Sénégal, la Côte
d’Ivoire et le Liban ont annoncé avoir procédé à des retraits. Mais qu’en
est-il de l’Algérie, qui compte pour 12 % des exportations de Lactalis ? Qu’en
est-il de la Chine, qui de 2003 à 2013 a multiplié par quatre ses importations
de lait en poudre pour bébés ? Ce pays a déjà connu en 2008 un énorme scandale
autour du lait en poudre contenant un mélange de mélamine, une résine plastique
toxique qui permet de simuler une augmentation de protéines et c’est cette
occasion que Lactalis, jouant les monsieur Propre, avait saisie pour développer
ses ventes en Chine.
Ces scandales sanitaires
successifs sont présentés comme la conséquence de fautes humaines, de
défaillances techniques, de malversations individuelles ou encore de failles
imprévisibles dans un système qu’il faudrait seulement corriger pour mieux garantir
la chaîne de protection alimentaire, de la production à la consommation. Mais
ce qui est en cause, c’est le système capitaliste basé sur le profit, qui tend
en permanence à faire passer cet impératif avant les intérêts et la santé de la
population.
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