Réforme
de l’entreprise : intérêt général… des actionnaires
Le gouvernement a commandé un
rapport pour changer le statut juridique des entreprises. « Il nous faut
aujourd’hui faire évoluer le droit pour permettre aux entreprises qui le
souhaitent de formaliser, voire amplifier leur contribution à l’intérêt général
», proclame la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Comme si
l’évolution du droit pouvait empêcher le patronat de ruiner des régions
entières ou de polluer la planète !
En novembre dernier, Nicolas
Hulot avait émis un vœu pieux en déclarant que « l’objet social de
l’entreprise ne peut plus être le simple profit, sans considération aucune pour
les femmes et les hommes qui y travaillent, sans regard sur les dégâts
environnementaux ». Cela avait suffi à ce que le Medef voie rouge. «
Faire cette modification, c’est mettre en difficulté l’ensemble des entreprises
françaises », s’était indigné son président Pierre Gattaz. Il ajoutait : «
C’est les rendre dépendantes face à des activistes environnementaux, tout comme
elles sont aujourd’hui parfois perturbées par des activistes financiers. […] Ce
serait absurde, contre-productif et dangereux pour notre économie. »
Aujourd’hui, Hulot est rentré
dans le rang, se contentant de déclarer que « le but ultime de l’entreprise
doit bien être l’épanouissement humain ». La formule est suffisamment vague
pour ne pas remettre en cause le sacro-saint Code civil selon lequel une
société doit « être constituée dans l’intérêt commun des associés »,
autrement dit des actionnaires.
La réforme envisagée par le
gouvernement pourrait se limiter à créer un nouveau statut de « société à
objectif social étendu » à la disposition des patrons et des PDG qui
voudraient améliorer leur image par du paternalisme ou un brevet de respect de
l’environnement acquis à bon compte et ne les engageant à rien, ou à pas
grand-chose.
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