L’article
ci-dessous extrait du dernier numéro de notre hebdomadaire Lutte ouvrière a été
écrit avant les évènements de ces dernières heures. Le parlement catalan ayant
voté une déclaration d’indépendance, Rajoy a destitué le président catalan,
dissout le parlement de la région autonome et décidé des élections législatives
anticipées.
Espagne :
Rajoy-Puigdemont, le bras de fer continue
Cela fait plusieurs mois que le
problème du statut de la Catalogne est au centre de la vie politique en
Espagne. Après le référendum du 1er octobre 2017 décidé unitairement
par les partis indépendantistes catalans – ceux qui se situent à droite, comme
ceux qui se situent à gauche ou à l’extrême gauche – et déclaré illégal par
Madrid, le bras de fer continue.
Ni l’interdiction de ce référendum
ni le déploiement des forces de police n’avaient empêché que deux millions de
Catalans se déplacent pour voter, exprimant à la fois leur mécontentement face
à la politique du pouvoir central et se prononçant pour l’indépendance. Comme
il fallait s’y attendre, le résultat a été déclaré nul et non avenu par Madrid.
Aujourd’hui, avec la crise
économique qui a touché l’Espagne, comme le reste du monde, et tiré la société
en arrière, la croissance des courants indépendantistes est l’expression des
tensions sociales multiples. Mais leur politique n’offre aucune perspective
positive pour les classes populaires.
Les partis et organisations
indépendantistes catalanistes ont un langage radical qui ne s’adresse nullement
au monde du travail, ni en Catalogne ni ailleurs. Les travailleurs continuent à
subir les bas salaires, le chômage et une exploitation de plus en plus forte.
Dans les usines, les services publics, les commerces, le secteur bancaire, le
tourisme ou l’agriculture, il faut filer droit que l’on soit d’origine catalane
ou andalouse, ou que l’on vienne d’un autre pays. Et croire que l’on peut avoir
droit à un meilleur traitement parce qu’on est né en Catalogne ou que la
famille est catalane est un leurre. C’est pourquoi ce repli sur l’origine de
chacun divise les exploités, ceux qui pourtant ont de plus en plus besoin de
s’unir pour faire valoir leurs droits.
C’est le piège dans lequel sont
tombés actuellement en Catalogne ceux qui croyaient qu’ils pouvaient trouver
des alliés dans le camp de leurs exploiteurs parce qu’ils sont de la même
nationalité. Aujourd’hui il est clair que ceux qui font confiance à Puigdemont,
ce leader indépendantiste catalaniste, politicien bourgeois affirmé s’il en
est, se mettent à la remorque d’une politique antiouvrière et se rangent
derrière un ennemi prêt à négocier tout et son contraire pour participer au
pouvoir. Et il ne faut pas oublier que son prédécesseur, Arthur Mas, est un
escroc de la haute finance qui a trempé dans des scandales largement connus et
qui veut lui aussi conduire la colère des exploités dans des impasses.
Il faut, et c’est vrai dans toute
l’Espagne, lutter contre la politique du pouvoir en place à Madrid, cette
monarchie réactionnaire, et dénoncer ses violences policières commandées par
Rajoy avec la complicité du Parti socialiste PSOE. Mais il ne faut pas en
rester là.
La répression qu’organisent Rajoy
et les siens aujourd’hui contre ceux qui s’opposent à sa politique sur le
terrain de l’indépendantisme servira aussi contre ceux qui se battent pour défendre
les droits du monde du travail. Alors c’est de tous ces problèmes qu’il faut
débattre, ceux liés aux coupes budgétaires, ceux liés aux privatisations des
secteurs publics, ceux liés aux attaques contre les retraités.
Les Puigdemont d’un côté, les Rajoy
de l’autre, se disputent pour mieux servir telle ou telle fraction de la
bourgeoisie, mais ils sont prêts les uns comme les autres, chacun à sa façon et
sur son territoire, à matraquer le monde du travail.
Henriette MAUTHEY
(Lutte ouvrière n°2569)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire