Nos sœurs et nos frères d’oppression
Un
film « humoristique » utilise pour « faire rire » un filon
« d’humour », la communauté Rom. Nous n’avons pas vu ce film et nous
n’avons pas l’intention de le voir. Mais le fait qu’il soit programme lors de 41
séances dans les semaines qui viennent à Argenteuil ne peut nous laisser
indifférent, et c’est bien volontiers que nous diffusons ci-dessous le
communiqué suivant du « Collectif National Droits de l’Homme Romeurope.
Cette communauté Rom qui vit des
conditions sociales dramatiques n’a pas besoin que des Affreux en rajoute en en
faisant un sujet de dérision et en augmentant un peu plus la stigmatisation
dont cette communauté est victime. DM
« A
BRAS OUVERTS », ESPRIT FERMÉ –
COMMUNIQUÉ
DU CNDH ROMEUROPE
« A bras
ouverts », esprit fermé
Paris, le 5 avril 2017
Comme beaucoup de spectateurs,
nous sommes atterrés par l’image des personnes dites Roms que renvoie le film A
bras ouverts. Empilement de clichés racistes et de préjugés stigmatisants, ce
film est un miroir du traitement particulier dont les Roms sont l’objet en
France.
Certes le film se veut une
comédie et une caricature, mais son auteur ainsi que son acteur principal
auront beau se réfugier derrière leur ambition de moquer les « bobos de la
gauche caviar », il n’en demeure pas moins qu’il entretient les pires
stéréotypes qui alimentent très concrètement le traitement indigne dont sont
victimes les personnes Roms.
Le 30 mars dernier, la Commission
nationale Consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a publié un rapport annuel
sur le racisme confirmant que les Roms restent en tête du box-office des
personnes les plus rejetées en France. Concrètement, ce sont des refus aux
guichets pour ouvrir des droits, des jets de cocktails molotov dans des
bidonvilles de personnes identifiées comme Roms, des morts suite à des
incendies de leur habitat précaire, des expulsions à répétition sans solution
de relogement, des propos haineux envers les Roms…
Nous aimerions bien pouvoir rire,
mais la situation ne s’y prête absolument pas. Les personnes Roms avec lesquelles
les membres du CNDH Romeurope luttent au quotidien vivent en France dans une
situation d’extrême précarité, en bidonville, en squats ou à la rue. La mise au
ban de la société de ces migrants précaires d’Europe de l’Est est entretenue
par des politiques publiques basées sur la destruction à haute fréquence des
bidonvilles où ces personnes s’installent. Ces politiques contribuent à
l’ancrage dans une misère de plus en plus profonde d’enfants, de femmes et
d’hommes qui sont présents en France pour certains depuis de nombreuses années.
Il est toutefois important de rappeler que nombre de Roms en France ne vivent
ni dans la pauvreté, ni dans des bidonvilles. « Les Roms » sont pourtant
systématiquement associés dans le débat public à un groupe homogène formé de
personnes incapables de sortir de la précarité.
Le CNDH Romeurope considère qu’il
est urgent de changer de regard, de réaffirmer l’égalité et la fraternité entre
tous, ce que ce film ne permet pas.
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