Lors de son meeting sur le port
de Marseille le dimanche 9 avril, Jean-Luc Mélenchon s’est présenté comme le
candidat de la paix, un rameau d’olivier à la main.
Mais s’il a longuement dénoncé
les risques d’un engrenage guerrier dû à la politique américaine, il a par
contre réussi en une heure de discours à ne pas condamner les interventions
militaires françaises en Afrique.
C’est surtout à un plaidoyer pour
la sortie de l’Otan que s’est livré Mélenchon. Il s’est indigné qu’on ait pu
voir « le président français et son homologue allemand soutenir des
interventions américaines qui n’avaient aucun fondement, aucune légitimité
internationale, comme en Libye ou en Afghanistan ». Il a évoqué la
possibilité pour la France d’être entraînée dans une guerre en Ukraine, et il a
même parlé d’un éventuel conflit armé à Gibraltar. Mais ni le Mali ni la
Centrafrique n’ont été cités. C’est pourtant là que se trouve l’essentiel des
troupes françaises intervenant à l’étranger.
En Syrie aujourd’hui, en
Afghanistan hier, l’impérialisme de second ordre qu’est la France sert de
supplétif dans des interventions militaires décidées à Washington. Mais il sait
aussi prendre l’initiative seul, dans la zone où l’impérialisme américain lui
laisse le rôle de gendarme, les anciennes colonies françaises d’Afrique. Or
nulle part dans son programme Mélenchon ne s’affirme en faveur du retrait des
troupes françaises du continent. Il y reste simplement muet sur la question.
Mais ses conseillers, interrogés à ce sujet, parlent pour ces militaires d’un
rôle de « maintien de la paix sous mandat de l’ONU », ce qui n’est rien
d’autre que le mensonge officiel de Hollande.
Il faut d’ailleurs rappeler que
le 22 avril 2013, lors du débat sur la prolongation de l’intervention militaire
au Mali, aucun des députés ou des sénateurs du Front de gauche n’avait voté
contre. Ils s’étaient contentés de s’abstenir, montrant ainsi clairement les
limites de leur opposition aux guerres de l’impérialisme français.
En ce qui concerne les
interventions militaires, le programme de Mélenchon prône d’ailleurs simplement
de « refuser toute intervention militaire sans mandat de l’ONU », ce qui
implique que les États impérialistes peuvent s’engager dans les guerres qui
leur conviennent s’ils ont ce mandat. Or l’ONU n’est rien d’autre qu’une
institution créée par les grandes puissances pour couvrir leurs brigandages
impérialistes du voile d’un prétendu droit international. L’ONU a joué ce rôle
depuis sa naissance, et aujourd’hui c’est avec son accord que l’armée française
intervient au Mali et en Centrafrique. L’impérialisme français a même pris
l’habitude, dès qu’il le peut, de sous-traiter l’occupation des pays où il
intervient aux soldats de l’organisation internationale.
Pas plus que celui du
gouvernement, le nationalisme de Mélenchon ne fait bon ménage avec la paix.
Daniel MESCLA (Lutte ouvrière n°2541)
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