Débat des
onze candidats : avec les travailleurs ou avec le patronat
Le débat entre les onze candidats
à l’élection présidentielle organisé par BFM mardi 4 avril aura eu le mérite de
montrer qu’ils se rangent en deux camps : ceux qui contestent la domination du
grand capital sur toute la société, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou ; et
tous les autres qui acceptent la loi du capital et se proposent de gérer la
société telle qu’elle est.
Certes, alors que Fillon et
Macron posaient aux fondés de pouvoir du grand capital et que Marine Le Pen
déroulait sa xénophobie, Mélenchon et Hamon ont eu quelques mots en direction
des salariés et quelques envolées estampillées de gauche. Mais pourquoi
faudrait-il plus les croire que Mitterrand, Jospin et Hollande, leurs prédécesseurs et leurs modèles ?
Le jeu politicien et sa vacuité ont
été évidents durant le long et obscur débat sur l’Europe. Nathalie Arthaud,
seule, a souligné que le problème était la domination du capital et que les
disputes politiciennes sur l’euro visaient à masquer cette vérité. Et donc à
protéger les capitalistes. Dans leur débat, jamais les grandes entreprises
européennes n’ont été évoquées, alors qu’elles font la pluie et le beau temps,
ou plutôt les profits, l’exploitation et les licenciements sur le continent. La
façon de parler des travailleurs détachés, rendus responsables alors qu’ils
sont exploités comme tous les travailleurs, montrait le camp social des
candidats.
De Mélenchon à Le Pen, les
prétendants défendent cette société basée sur la propriété privée et le profit
individuel. Leurs programmes, pour différents qu’ils soient, ne sont que
promesses en l’air car, en fin de compte, la grande bourgeoisie, les Peugeot,
Dassault et Bolloré, les grandes banques, les riches actionnaires détermineront
la politique de celui qui arrivera au pouvoir. Ainsi personne ne se souvient
plus des promesses de campagne des candidats et présidents successifs, mais
chacun a constaté que, une fois élus, ils ont fait la même politique, celle du
grand capital. Cela implique la liberté de licencier, de supprimer des emplois,
de bloquer les salaires, de détruire les protections sociales et les services
publics utiles à la population. Cela implique la guerre sociale des patrons
contre les travailleurs et les guerres étrangères pour défendre les intérêts du
capital. Les politiciens qui acceptent la loi du capital peuvent pérorer autant
qu’ils veulent, ils feront sa politique. Les trente dernières années le
montrent amplement.
La différence entre les deux
camps sociaux a été particulièrement claire lors de la dernière question : «
Comment comptez-vous rassembler les Français ? ». Nathalie Arthaud a
répondu qu’elle s’adressait aux travailleurs, Philippe Poutou qu’il voulait
parler pour les exploités. Tous les autres ont donné leur méthode de
rassemblement, c’est-à-dire leur recette pour attacher les travailleurs au char
du grand patronat. Car, tant que le capital domine la société, c’est à lui et à
lui seul que profite l’unité nationale.
Après l’émission, Nathalie
Arthaud a expliqué ainsi sa démarche et résumé tout le sens de sa campagne : «
J’ai essayé de mettre en avant les intérêts des ouvriers, des employés, des
chômeurs. (…) J’ai pu faire entendre cette voix. »
Paul
GALOIS (Lutte ouvrière n°2540)
Bon, il en manque un qui joue sur l'ambiguïté dans son enrobage de tribun...DM |
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