Guyane : les travailleurs dans la rue !
Depuis lundi 20 mars, des centaines de travailleurs dans l'ensemble de la
Guyane sont en grève et bloquent les routes en installant des barrages. Des
travailleurs d'Edf, des hôpitaux, des associations de quartiers dénoncent
l'état de délabrement dans lequel se trouve ce territoire d'Outre-mer surtout
en matière de santé, d'éducation, de logement et de sécurité.
Des agriculteurs et des routiers en colère, des tribus amérindiennes dénonçant
des projets d'extraction d'or sur leur territoire ont rejoint le mouvement.
L'économie locale est paralysée à tel point que le lancement d'Ariane 5 a déjà
été reporté trois fois et le recteur a ordonné la fermeture des établissements
scolaires.
La Guyane est un territoire parmi les plus pauvres des territoires dits
d'outre-mer, ce reste de l'empire colonial français. Car à côté de la base de
lancement ultramoderne d'Ariane, la population la plus pauvre vit dans des
bidonvilles.
Les travailleurs guyanais ont bien des raisons de se battre !
Et
dans le dernier numéro de Lutte ouvrière
Guyane :
le Kourou des travailleurs bloque Ariane
Le décollage d’Ariane 5 prévu pour
le 21 mars, depuis le Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou, a été reporté.
Des barrages de grévistes ont empêché le transfert de la fusée vers son pas de
tir.
Depuis le 20 mars, des
manifestants, avec palettes et pneus, se sont déclarés en grève illimitée et
ont bloqué le rond-point permettant l’accès à la zone de lancement. Les
employés d’EDF Guyane protestent ainsi contre la dégradation de leurs
conditions de travail, exigent de l’embauche correspondant aux nécessités
d’extension du réseau, et attendent que la direction se déplace à Kourou pour
discuter.
Ceux de l’entreprise de
maintenance industrielle Endel, sous-traitants du CSG, qui emploie, directement
ou non, un sixième de la population active de la région, entre autres les
chauffeurs chargés du transfert du lanceur d’Ariane, réclament le respect des
accords salariaux. Enfin, le personnel du centre médico-chirurgical de Kourou
(CMCK), soutenu par les usagers, proteste depuis quelque temps contre le projet
de la Croix-Rouge, gestionnaire du CMCK, de céder l’établissement au groupe
privé Rainbow Santé. Ils s’inquiètent des risques de licenciements qui
pourraient survenir à la suite d’une baisse des financements de l’Agence
régionale de santé, et demandent à être un établissement public.
À une époque où le lancement de
satellites est devenu banal, les travailleurs doivent encore se battre avec les
bons vieux moyens de la grève, avec piquets et barrages de palettes, pour
obtenir le minimum qui leur est dû. Au sein de cette collectivité territoriale,
sur les 250 000 habitants, près de 40 % de la population en âge de travailler
est au chômage. Alors, les satellites de télécommunications peuvent bien
attendre que les travailleurs soient payés comme il se devrait !
Viviane
LAFONT (Lutte ouvrière n°2538)
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