Notre ami, notre camarade d'Herblay, Roger
DESMELIERS vient de décéder à l’âge de 72 ans.
Roger
était un ouvrier conscient qui travailla longtemps comme ouvrier d’entretien
chez Rhône-Poulenc. Il fut de ces jeunes de vingt ans qui furent enthousiasmés
par les évènements de Mai 1968. Roger nous répéta à de multiples reprises
comment, jeune ouvrier, avec ses potes, il se rendit au Quartier latin pour
voir ce qui se passait à la Sorbonne.
Ces
semaines-là furent effectivement bien particulières pour ceux qui les vécurent.
Ces évènements surprenants étaient bien la preuve que tout peut changer, en quelques
jours, et que le capitalisme si solide la veille peut basculer. Toute
sa vie, Roger garda au cœur cette conviction. Elle le porta jusqu’au
bout.
Oui,
Roger était continuellement en colère contre le capitalisme, et il ne fallait pas grand-chose pour
réveiller cette révolte. Elle ne fut peut-être pas toujours facile à supporter
pour ses proches, mais comme on aimerait voir de tels hommes et de telles
femmes en colère, par millions.
Et
pour les générations qui suivent, cela fait toujours du bien de rencontrer de
telles personnalités qui ne se sont jamais inclinées devant le vent ambiant,
l’acceptation, et le conformisme social. Roger a gardé jusqu'au bout ses convictions et son idéal. Il avait une conscience de classe
et a tenté toute sa vie de la faire partager.
L’organisation politique
de toute sa vie a été Lutte ouvrière. Il l’a vue grandir, du petit groupe
parisien qu’il était encore pour l’essentiel dans les années 1968 à
l’organisation, certes minoritaire encore, mais qui compte à l’échelle du pays,
notre présence dans la campagne des présidentielles actuelles le prouve.
J’avais
croisé Roger dans une rencontre de militants en 1977, il y a quarante ans.
Je
l’ai retrouvé bien plus tard à Herblay en 2002 lors de la campagne présidentielle d’Arlette
Laguiller, à l’occasion d’une réunion que nous tenions dans cette ville. Depuis
lors, nous ne nous sommes plus quittés. Non seulement il mena une activité pour
développer notre présence sur sa ville, mais il vint régulièrement à Argenteuil
pour nous aider à le faire nous aussi.
Je
ne citerai qu’un épisode. Le maire d’Argenteuil décida en catimini, en 2005 je
crois, d’engager la destruction de la cité Joliot-Curie. Sans aucune
concertation dans cette cité d’anciens. J’habite dans cette cité de 1050
logements. Les locataires étaient contre ce projet bien sûr mais n’y croyaient
pas. Un tout petit groupe d’entre eux était prêt à s’y opposer. Avec Roger,
Thierry et moi-même, nous formâmes un groupe de trois qui s’agrégea ces quelques
locataires. Pendant des mois et des mois nous bataillâmes. Nous réussîmes au moins à
convaincre les locataires de la nécessité de résister. Nous fîmes signer 88% de
locataires contre la démolition. Habilement, le candidat PS aux municipales de
2008, qui n’avait pas participé à l’action, promit qu’il ne démolirait pas la
cité. C’est dans le bureau de vote de celle-ci qu’il écrasa le maire
apprenti-démolisseur, et fut finalement élu. La cité ne fut pas démolie. Les
habitants de Joliot-Curie ne le savent peut-être pas. Mais ils doivent cela à
notre groupe de trois de militants de Lutte ouvrière. Roger
était de ceux-là. Roger un militant au grand cœur, écorché d’une société
difficile, qui a eu jusqu’au bout la conviction qu’elle changerait un jour, et
qu’elle irait vers la fraternité. Roger,
notre camarade, notre ami.
Nous
ne connaissons pas encore le moment précis de ses obsèques. Nous préviendrons
par la voie de ce blog que Roger appréciait beaucoup dès que nous le saurons.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire