mardi 7 mars 2017

Décès d'un des "nôtres", Roger


                                                                    

Notre ami, notre camarade d'Herblay, Roger DESMELIERS vient de décéder à l’âge de 72 ans.
         Roger était un ouvrier conscient qui travailla longtemps comme ouvrier d’entretien chez Rhône-Poulenc. Il fut de ces jeunes de vingt ans qui furent enthousiasmés par les évènements de Mai 1968. Roger nous répéta à de multiples reprises comment, jeune ouvrier, avec ses potes, il se rendit au Quartier latin pour voir ce qui se passait à la Sorbonne.
         Ces semaines-là furent effectivement bien particulières pour ceux qui les vécurent. Ces évènements surprenants étaient bien la preuve que tout peut changer, en quelques jours, et que le capitalisme si solide la veille peut basculer.  Toute  sa vie, Roger garda au cœur cette conviction. Elle le porta jusqu’au bout.
         Oui, Roger était continuellement en colère contre le capitalisme, et il ne fallait pas grand-chose pour réveiller cette révolte. Elle ne fut peut-être pas toujours facile à supporter pour ses proches, mais comme on aimerait voir de tels hommes et de telles femmes en colère, par millions.
         Et pour les générations qui suivent, cela fait toujours du bien de rencontrer de telles personnalités qui ne se sont jamais inclinées devant le vent ambiant, l’acceptation, et le conformisme social. Roger a gardé jusqu'au bout ses convictions et son idéal. Il avait une conscience de classe et a tenté toute sa vie de la faire partager.
         L’organisation politique de toute sa vie a été Lutte ouvrière. Il l’a vue grandir, du petit groupe parisien qu’il était encore pour l’essentiel dans les années 1968 à l’organisation, certes minoritaire encore, mais qui compte à l’échelle du pays, notre présence dans la campagne des présidentielles actuelles le prouve.
         J’avais croisé Roger dans une rencontre de militants en 1977, il y a quarante ans.
         Je l’ai retrouvé bien plus tard à Herblay en 2002 lors de la campagne présidentielle d’Arlette Laguiller, à l’occasion d’une réunion que nous tenions dans cette ville. Depuis lors, nous ne nous sommes plus quittés. Non seulement il mena une activité pour développer notre présence sur sa ville, mais il vint régulièrement à Argenteuil pour nous aider à le faire nous aussi.
         Je ne citerai qu’un épisode. Le maire d’Argenteuil décida en catimini, en 2005 je crois, d’engager la destruction de la cité Joliot-Curie. Sans aucune concertation dans cette cité d’anciens. J’habite dans cette cité de 1050 logements. Les locataires étaient contre ce projet bien sûr mais n’y croyaient pas. Un tout petit groupe d’entre eux était prêt à s’y opposer. Avec Roger, Thierry et moi-même, nous formâmes un groupe de trois qui s’agrégea ces quelques locataires. Pendant des mois et des mois nous bataillâmes. Nous réussîmes au moins à convaincre les locataires de la nécessité de résister. Nous fîmes signer 88% de locataires contre la démolition. Habilement, le candidat PS aux municipales de 2008, qui n’avait pas participé à l’action, promit qu’il ne démolirait pas la cité. C’est dans le bureau de vote de celle-ci qu’il écrasa le maire apprenti-démolisseur, et fut finalement élu. La cité ne fut pas démolie. Les habitants de Joliot-Curie ne le savent peut-être pas. Mais ils doivent cela à notre groupe de trois de militants de Lutte ouvrière. Roger était de ceux-là. Roger un militant au grand cœur, écorché d’une société difficile, qui a eu jusqu’au bout la conviction qu’elle changerait un jour, et qu’elle irait vers la fraternité.  Roger, notre camarade, notre ami.


Nous ne connaissons pas encore le moment précis de ses obsèques. Nous préviendrons par la voie de ce blog que Roger appréciait beaucoup dès que nous le saurons.

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