60 000
postes ? Le compte n’y est pas
Najat Vallaud-Belkacem, la
ministre de l’Éducation nationale, a présenté la création des 6 639 postes
d’enseignants nommés à cette rentrée comme « un effort sans précédent »,
qui permettra des « marges de manœuvres exceptionnelles au service de la
réussite des élèves ».
Elle a assuré par ailleurs que
les 60 000 créations de postes promises par Hollande lors de son élection
seront réalisées d’ici la fin du quinquennat.
Dans la réalité, on sera loin du
compte, seule la manipulation des chiffres peut en partie masquer la supercherie.
Les 60 000 créations de postes étaient l’une des rares promesses de Hollande,
permettant, disait-il, de contre-balancer les 80 000 suppressions décidées sous
Sarkozy, même si ce n’était pas dans la totalité. Mais même cette promesse, il
ne l’a pas tenue.
La plus grosse duperie a consisté
à compter dès 2012 les enseignants en formation dans les effectifs des
fonctionnaires : il s’agit juste d’un jeu d’écriture comptable, qui ne met pas
un professeur de plus en face des élèves. Et lorsque un stagiaire est chargé
d’une classe, il n’occupe qu’un mi-temps. Il n’enseignera à temps plein que
lorsqu’un poste de titulaire sera créé ou se libérera par un départ en retraite
ou une démission. On aboutit à ce que, lorsque le ministère se félicite par
exemple du recrutement de 26 000 enseignants-stagiaires, cela n’a représenté en
fait que l’équivalent de 13 000 professeurs à temps plein devant les élèves.
De plus, le recrutement des
stagiaires, ainsi que des titulaires, a été calculé pour compenser plus ou
moins les départs. Chaque année depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir, entre
18 000 et 19 500 professeurs ont pris leur retraite, selon les chiffres du
ministère de l’Éducation nationale. Un enfant du primaire pourra sans
difficulté calculer que, sur cinq ans, à supposer que les 60 000 embauches
seront atteintes, le nombre de départs aura finalement été supérieur ! Étant
donné aussi que, même s’il a très légèrement baissé en cette rentrée, le nombre
d’élèves a augmenté sur l’ensemble de la période, cela aboutit à de plus en
plus de classes surchargées, de la maternelle à la terminale.
Marianne LAMIRAL (Lutte ouvrière n°2510)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire