« Si tu vas à Rio, n’oublie pas »… l’envers du décor
Nous sommes sûrs que l’article ci-dessous de notre hebdomadaire intéressera Ahcène et Nordine, du club de judo local Judo Club Escales, qui sont sans doute à Rio avec l’une des championnes du club, Clarisse Agbegnenou, qui prétend à une médaille dans sa catégorie.
Mais
un club comme l’Escales est mille fois plus important pour la société pour son
rôle vis-à-vis des habitants de la Ville et de la région, que dans ces
circonstances olympiques, qui présentent cela dit, on le comprend bien, un tout
autre intérêt pour les champions présents et ceux qui les entraînent.
JO de Rio
: la médaille d’or en profits et corruption
Concernant la sécurité, le risque
d’attentats terroristes serait limité, répètent les autorités. Peut-être, pour
les athlètes et les spectateurs, mettra-t-on les moyens. En revanche la
population sera, elle, plutôt moins protégée que d’habitude, comme l’ont
dénoncé début juillet des grèves et des manifestations de membres de la police
judiciaire et de pompiers, qui se plaignaient des salaires en retard et du
manque de matériel. Aux touristes et à tous ceux qui viennent pour les Jeux,
ils ont ironiquement souhaité « Bienvenue en enfer ! »
La police n’a pas le monopole du
sous-équipement. On pouvait lire, tout aussi ironiquement, sur les murs de
l’aéroport international : « Bienvenue, nous n’avons pas d’hôpitaux.
» Les enseignants dépendant de l’État de Rio, en grève depuis le 2 mars
pour leurs salaires, ont eux aussi manifesté. Ils étaient soutenus par des
chômeurs du bâtiment, des chantiers navals, du pétrole et de la sidérurgie
organisés dans SOS emploi. Car le ralentissement économique a mis au chômage
des millions d’ouvriers, en particulier des sous-traitants de grandes
entreprises.
Quand il s’agit de payer ses
fonctionnaires, l’État de Rio se dit en faillite. Mais les Jeux sont pour lui
prioritaires. Plus que l’image de la ville et du pays, ce qui est en jeu, ce
sont les milliards de dollars qu’ont déjà encaissés et que vont encaisser
Comité olympique, fédérations sportives, publicitaires, équipementiers,
hôteliers, voyagistes et compagnies aériennes, et surtout entreprises du BTP
qui ont construit stades, cité olympique, autoroutes, métro et tram. Tous les
fonds venant des impôts, du budget fédéral et des emprunts contractés par la
ville et l’État vont aux Jeux. Pour cela, plus de 4 000 personnes ont été
délogées d’office, des kilomètres carrés de terrains ont été expropriés, pour
faire place aux routes, parkings, stades et hébergements.
Ces fonds ont alimenté une
corruption véritablement... olympique. Ainsi le stade du Maracana, où se
déroulera la fête d’inauguration, avait été rénové pour le Mondial de foot de
2014. La société Delta, qui avait fait les travaux, a touché 4 milliards de
dollars de fonds publics, couvrant 96 % des dépenses, dont elle a consacré 100
millions pour financer entre autres le gouverneur de l’époque.
Quand la torche olympique
s’éteindra, les capitalistes de tous pays feront le compte de leurs profits.
Les riches de Rio pourront faire étalage de leur luxe dans de nouveaux espaces.
Les autres, l’écrasante majorité, auront le droit de regarder des stades dont
ils n’auront pas l’usage, construits à coups de contrats surfacturés et de
détournements de fonds, et le « droit » de rembourser les milliards d’emprunts.
Quant aux lois d’exception votées pour assurer à tout prix les Jeux contre
d’éventuels terroristes ou manifestants, elles serviront de prétexte pour
bâillonner ceux qui revendiqueront de meilleures conditions d’existence.
Vincent
GELAS (Lutte ouvrière n°2505)
Ce soir,
vendredi, notre permanence est assurée au carrefour Babou de 17 heures 15 à 18
heures 15
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