Des emprunts « toxiques » qui continuent à empoisonner les
finances locales
Les emprunts dits « toxiques »
sont des emprunts d’un type particulier qui ont été souscrits pour l’essentiel
par des collectivités locales, communes en particulier, il y a une dizaine d’années.
Ils ont été souscrits dans les années précédant les élections municipales de
2008, et ce n’est pas un hasard.
Sur le
principe, ces emprunts n’avaient trop rien d’original. Ils se présentaient
comme des emprunts comprenant deux sortes de taux pour deux périodes bien
distinctes, à l’image de ce qui se passe pour certains emprunts immobiliers et
que de nombreux habitants connaissent bien : une première période, courte,
avec un taux fixe très avantageux, puis une longue période avec un taux
variable. Pour chacun des emprunts contractés, ce taux variable d’intérêt était
indexé sur la base de la variabilité des taux de change entre deux monnaies,
euro-yen ou euro-franc suisse par exemple, mais aussi sur la variabilité des
cours de matières premières.
Il ne
fallait pas à l’époque être très malin pour savoir que le système présentait
d’énormes risques, qui ont été multipliés dans le cadre des turbulences liées à
la crise financière de 2008.
Nous ne
reviendrons pas ici sur le fait que le système bancaire capitaliste est un
chancre qui ronge la société, et sur le fait que dans d’autres temps futurs,
les besoins d’équipement et de fonctionnement seront abondés par la société
toute entière par bien d’autres moyens.
En tout
cas, les banquiers savaient qu’à la veille des élections municipales de mars
2008, ils avaient des clients « captifs » que pouvaient être
assurément les notables locaux dont la devise en la matière est :
« les élections d’abord ! Après celles-ci, s’il y a le déluge, nous
aviserons ! »
Les
finances d’Argenteuil sont fragiles depuis des décennies, et elles l’étaient à
la veille des élections municipales de 2008.
Les
notables municipaux, de droite comme de gauche ne remettent pas en cause
l’austérité de l’Etat à l’égard des communes populaires. Ils dénoncent du bout
des lèvres, à la rigueur, la faiblesse ou la diminution des dotations, mais il
n’est pas question pour eux de mettre vraiment les pieds dans le plat. En
conséquence, il leur faut donc trouver de petits arrangements qui sont de trois
sortes : la réduction des dépenses, l’augmentation des impôts locaux, et
l’augmentation de l’endettement.
Dans les
années précédant 2008, l’augmentation des impôts faisant tâche à la veille des
élections ou dans un programme électoral, la municipalité de droite d’alors a
choisi de s’en remettre dans les mains de banques aux aguets pour contracter
ces emprunts dit alors « structurés » et que nous appelons
« toxiques ».
Oh cela
ne se fait pas au grand jour, ne figure pas dans l’ordre du jour des conseils
municipaux. Cela se décide, loin des habitants, entre le maire, le directeur
financier des services de la Ville, l’adjoint aux finances s'il s’intéresse à
ce genre de chose, et les banquiers toujours à l’affût. C'est vrai à Argenteuil comme ailleurs.
Cette
opacité est un fléau social, que les notables assument et encouragent.
Mais que
l’on ne vienne pas nous dire qu’il n’y a pas eu de problèmes et qu’ils n’étaient
pas au courant.
Les
quelques-uns qui ont contracté ces emprunts étaient totalement au courant des conséquences
que ce type d’emprunts risquaient d’avoir… et qu’ils ont eus.
Les
fonctionnaires dirigeant les services financiers ne sont plus là pour rendre
des comptes. Quant au maire d’alors et son adjoint aux finances, ils sont
revenus à la tête de la municipalité en 2014. Mais sur le sujet, ils n’ont
jamais admis leur errance qui ont coûté et qui continue à coûter des dizaines
et des dizaines de millions d’euros à la commune, ce qui se traduit par autant moins
de services publics utiles à la population, et par autant moins d’embauches de
chômeurs et de demandeurs d’emplois.
Ils n’ont
jamais reconnu ce qu’ils avaient fait, et il est bon aujourd’hui de rappeler
leur responsabilité d'alors qu'ils continuent à ne pas vouloir assumer.
Cela impose à la population la nécessité de son contrôle sur la marche de la société, à toutes les échelles de l'organisation sociale, et la perspective d'agir pour la liquidation de la dictature du système financier sur la société.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire