Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine. A paraître.
La vérité sur la mort d’Adama Traoré :
ce que les autorités ont masqué
La
mort d’Adama Traoré le 19 juillet, alors qu’il était entre les mains de la
gendarmerie après son interpellation, avait soulevé la colère de ses proches et
causé plusieurs jours d’affrontement à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise.
Le procureur de la République de Pontoise avait alors, à plusieurs reprises,
déclaré que le jeune homme de 24 ans souffrait d’infections graves, suggérant
également que la mort était le résultat d’un malaise cardiaque.
Les
détails des deux autopsies réalisées n’étaient alors pas connus du public, mais
aujourd’hui, ils ont été divulgués par la presse. Les autopsies ont bien mis en
évidence diverses infections et lésions qui pouvaient exister avant
l’interpellation, mais elles ont aussi mis en évidence les traces de l’intervention
des gendarmes. Et surtout, elles ont révélé qu’Adama Traoré était mort par
asphyxie.
Cela
rejoint le témoignage des gendarmes eux-mêmes, qui ont reconnu s’être mis à
trois pour le plaquer au sol, sur le ventre. Une méthode d’immobilisation dénoncée
de longues date car, comme le rappelle un rapport d’une ONG française, Action
des chrétiens pour l’abolition de la torture, elle « entrave fortement les
mouvements respiratoires et peut provoquer une asphyxie ». Le procureur
avait accès à ces informations, il a joué sur les mots, comme l’a dit l’avocat
de Traoré, pour tenter de désamorcer la colère des proches de la victime.
La
mobilisation se poursuit pour savoir la vérité sur la mort d’Adama Traoré et
pour que justice soit faite. Samedi 30 juillet, la marche organisée à Paris a
regroupé plusieurs centaines de personnes. Elle avait pourtant été bloquée par
la police dès le rassemblement à la Gare du Nord, sous le prétexte que la
demande avait été déposée trop tard. La préfecture de police prétendait ainsi
protéger les institutions, l’ordre public et la sécurité des manifestants.
Mais
cela n’a pas suffi à faire taire la colère. La famille, de son côté, a annoncé
son intention de porter plainte pour violences volontaires ayant entraîné la
mort sans l’intention de la donner.
Serge FAUVEAU (Lutte ouvrière n°2505)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire