L'attentat
de Nice et ceux qui exploitent l'émotion
Le tueur de Nice était-il un
déséquilibré aux pulsions morbides ou un radicalisé de fraîche date ? S’est-il
réellement inspiré des appels au meurtre du groupe État islamique ? On ne le
saura peut-être jamais et cela ne change rien.
Qu’il
l’ait voulu ou non, son acte a pris une signification politique parce que
foncer dans une foule, écraser enfants, femmes, hommes en voulant faire le plus
de morts possible, correspond à la politique voulue par Daech qui a d’ailleurs
fini par revendiquer l’attentat.
Cette
organisation terroriste veut dresser un mur de haine dans la population. Elle
mise sur les frustrations, les injustices et le racisme qui existent dans le
pays pour recruter. Et qu’entend-on du côté du FN et de la droite ? Des propos
à l’emporte-pièce et des amalgames entre les attentats, l’islam et
l’immigration qui vont exactement dans le sens recherché par Daech.
Il est
stupide et répugnant d’opposer les immigrés ou les musulmans à la population
dite « française » quand on sait qu’à Nice, le terroriste a frappé
indistinctement, sans faire cas de la religion ou de l’origine de ceux qui
étaient sur sa route.
Le Pen avec
son obsession anti-islam, Sarkozy avec son « identité nationale », jusqu’à
Hollande et Valls qui prônaient il y a peu la déchéance de nationalité pour les
binationaux, tous ont contribué à alimenter un climat délétère. D’une manière
ou d’une autre, ils ont tous défendu l’idée qu’il fallait plus de frontières et
moins d’immigration.
Les
réflexions racistes, les appels aux immigrés à « rentrer chez eux » qui
s’expriment ouvertement depuis l’attentat sont la conséquence de la démagogie
passée et présente de ceux qui se prétendent des « responsables politiques ».
Hollande
est accusé par ses concurrents à l’élection présidentielle de ne pas protéger
suffisamment les Français. Et que proposent-ils ? D’accentuer les mesures
sécuritaires et d’intensifier la guerre menée par la France en Irak et en
Syrie. C’est-à-dire poursuivre et amplifier la politique menée depuis des
années et qui a échoué.
Sur le
plan intérieur, l’attentat de Nice, perpétré en plein état d’urgence, avec un
service de renseignements sur les dents et un déploiement policier inédit,
démontre les limites de cette politique sécuritaire.
Quant au
plan extérieur, faut-il rappeler que la guerre en Irak, déclenchée en 2003 sous
prétexte de combattre Al Qaïda a eu pour résultat de multiplier et d’élargir
l’influence des groupes terroristes ?
Les
grandes puissances ont créé le chaos sur lequel les djihadistes prospèrent.
Elles participent au pillage du Moyen-Orient depuis un siècle, quand la France
et la Grande-Bretagne firent main basse sur les restes de l’Empire ottoman.
Elles ont joué des différences religieuses pour monter telle bande armée contre
telle autre, afin d’assurer leur influence.
Le groupe
État islamique lui-même a été soutenu et financé par la Turquie, le Qatar et
l’Arabie saoudite, grands alliés de la France et grands acheteurs d’armes
françaises. C’est dire le double jeu de nos dirigeants qui n’ont pourtant que
la démocratie, la sécurité et la paix à la bouche !
Les
attentats sont aveugles et barbares. Mais avec leurs bombardements, leurs
guerres et leurs alliances avec les pires dictatures, les Hollande, Obama,
Poutine font preuve du même mépris que les terroristes pour la vie des
populations.
On
n’avait pas fini de compter les morts à Nice que Hollande annonçait
l’intensification des bombardements sur la Syrie et l’Irak. Combien de victimes
innocentes en Syrie et en Irak paieront pour les 84 personnes tuées à Nice ?
C’est aussi de la barbarie, une barbarie qui ne peut que susciter des vocations
de barbares.
Alors
non, cette guerre n’est pas la nôtre !
La guerre
contre Daech cache les visées impérialistes d’une minorité de groupes
capitalistes et enrichit les marchands d’armes. Mais ce sont les travailleurs
et les populations qui la payent de leur vie, victimes des bombes au Moyen-Orient
et des attentats ici. Ils la payent aussi par la division et le poison de la
xénophobie et du racisme.
L'intérêt
des travailleurs est d'affirmer leur opposition viscérale aux terroristes. Mais
plus que tout, ils doivent affirmer leur opposition absolue à leurs propres
dirigeants qui sont responsables de cette plongée dans la barbarie.
C’est
dans les métropoles occidentales que réside le pouvoir des capitalistes. C’est
là qu’ils nous exploitent. C’est à nous de contester leur domination et celle
de leurs serviteurs politiques en nous battant concrètement contre le chômage
et l’exploitation ici, et en dénonçant les guerres et la misère qu’ils
fomentent dans le monde.
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