Des migrants
arrivent à Argenteuil...
Depuis plusieurs semaines, la fièvre n’avait
cessé de grandir parmi les autorités municipales et autres, inquiètes. Des
migrants allaient arriver à Argenteuil… Des migrants ? Calais ? La
Jungle ? Des Roms ? Des « sans papier » ? Oh horreur !
Mais vous n’y
êtes pas. Bien évidemment, certes, des migrants, puisqu’ils viennent de
par-delà les lieux et les frontières, d’ici, d’ailleurs. Mais voyons, il y a migrants et
migrants !
Les
migrants pèlerins bienvenus et honorés par la municipalité à Argenteuil (et nous les saluons également) ont certes
franchi les lieux et pour certains les frontières. Mais eux n’ont pas eu à surmonter le risque de noyade,
de coups, d’emprisonnement. Ils n’ont pas eu à payer des passeurs à moins que
l’on appelle de ce nom les compagnies d’aviation ou de car. Ils n’ont eu à
montrer que leur passeport ou leur carte d’identité d’un pays « Union
européenne », ou un joli visa qu’ils ont obtenu en indiquant la raison de
leur voyage : « pèlerinage ». Leurs avions et leurs cars n’ont
pas eu d’obstacles infranchissables à franchir. Pourtant, eux aussi sont des
migrants, de quelques jours peut-être, et plus favorisés sans doute, mais des
migrants tout de même. Simplement à la manière des pèlerins des temps anciens
qui eux ne connaissaient ni frontières ni passeports puisque ni les unes ni les
autres n’existaient pas alors.
Ces
migrants-là viennent pour leur religion, quand les autres viennent expulsés par
la guerre ou poussés par l’espoir d’un avenir meilleur. Les uns seront attendus
par les édiles et les autorités. Ils seront accueillis et protégés, quand les
autres non seulement sont largement livrés à eux-mêmes mais sont dénigrés,
vilipendés, réprimés, malgré leur situation d’entre la vie et la mort, entre
espoir et désespoir. Nous pensons à ces Iraniens qui s’étaient cousu la bouche
puisqu’ils n’avaient pas le droit à la parole.
Les
migrants qui viendront à Argenteuil dans les jours qui viennent professent
paraît-il un message : « aimez-vous les uns les autres ».
Ah
bon, les uns, les autres ! Mais apparemment, il y a de fortes limites à la
maxime, comme il y a pour les hypocrites migrants et migrants.
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