lundi 28 mars 2016

Argenteuil : pour certains, les bons et les mauvais migrants


 
Des migrants arrivent à Argenteuil...

 
Depuis plusieurs semaines, la fièvre n’avait cessé de grandir parmi les autorités municipales et autres, inquiètes. Des migrants allaient arriver à Argenteuil… Des migrants ? Calais ? La Jungle ? Des Roms ? Des « sans papier » ? Oh horreur !
Mais vous n’y êtes pas. Bien évidemment, certes, des migrants, puisqu’ils viennent de par-delà les lieux et les frontières, d’ici, d’ailleurs. Mais voyons, il y a migrants et migrants !
         Les migrants pèlerins bienvenus et honorés par la municipalité à Argenteuil (et nous les saluons également) ont certes franchi les lieux et pour certains les frontières. Mais eux n’ont pas eu à surmonter le risque de noyade, de coups, d’emprisonnement. Ils n’ont pas eu à payer des passeurs à moins que l’on appelle de ce nom les compagnies d’aviation ou de car. Ils n’ont eu à montrer que leur passeport ou leur carte d’identité d’un pays « Union européenne », ou un joli visa qu’ils ont obtenu en indiquant la raison de leur voyage : « pèlerinage ». Leurs avions et leurs cars n’ont pas eu d’obstacles infranchissables à franchir. Pourtant, eux aussi sont des migrants, de quelques jours peut-être, et plus favorisés sans doute, mais des migrants tout de même. Simplement à la manière des pèlerins des temps anciens qui eux ne connaissaient ni frontières ni passeports puisque ni les unes ni les autres n’existaient pas alors.
         Ces migrants-là viennent pour leur religion, quand les autres viennent expulsés par la guerre ou poussés par l’espoir d’un avenir meilleur. Les uns seront attendus par les édiles et les autorités. Ils seront accueillis et protégés, quand les autres non seulement sont largement livrés à eux-mêmes mais sont dénigrés, vilipendés, réprimés, malgré leur situation d’entre la vie et la mort, entre espoir et désespoir. Nous pensons à ces Iraniens qui s’étaient cousu la bouche puisqu’ils n’avaient pas le droit à la parole.
         Les migrants qui viendront à Argenteuil dans les jours qui viennent professent paraît-il un message : « aimez-vous les uns les autres ».
         Ah bon, les uns, les autres ! Mais apparemment, il y a de fortes limites à la maxime, comme il y a pour les hypocrites migrants et migrants.

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