Taxis et
UberPOP : jungle capitaliste
À Marseille, Strasbourg et
Nantes, les chauffeurs de taxis se sont mobilisés lundi 8 juin contre l’arrivée
du service UberPOP de la société Uber, une entreprise américaine qui développe
des applications d’appel de taxi et de covoiturage par Internet. Ils ont
empêché notamment des réunions de recrutement de se tenir.
Par le
biais de cette application UberPOP, il est possible de faire appel, via par
exemple un smartphone, aux services de tout conducteur qui se sera fait au
préalable enregistrer par Uber. Les chauffeurs de taxis dénoncent une «
concurrence déloyale » car, à la différence d’un chauffeur UberPOP, ils doivent
s’acquitter d’une licence, devant pour cela justifier d’une formation. S’ils
sont à leur compte, ce qui est le cas de 80 % des chauffeurs de taxi, ils
doivent en plus payer des cotisations et reverser la TVA à l’État. Le
mécontentement est d’autant plus vif que, dans ce secteur, la concurrence est
de plus en plus dure et les journées de travail souvent de plus de douze
heures.
Prenant
la forme d’opérations de blocage d’aéroports et de grands axes de circulation,
la colère de cette catégorie d’artisans s’était déjà exprimée à plusieurs
reprises, contre Uber mais plus largement contre les sociétés proposant la
location de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) qui, normalement, à la
différence des taxis, doivent obligatoirement être réservés à l’avance par les
clients.
Donnant
en partie satisfaction à ceux qui s’étaient mobilisés, le gouvernement avait
fait voter en octobre 2014 une loi interdisant notamment aux entreprises de VTC
de prendre des clients à la volée dans la rue, réservant cette prérogative aux
taxis. Le gouvernement répondait aussi aux pressions exercées par les grosses
sociétés de réservation de taxi qui ont su, elles aussi, trouver l’oreille des
ministres.
Depuis
l’entrée en vigueur de cette législation, le 1er janvier, UberPOP est censé
être illégal et plus de 400 interpellations auraient eu lieu. Mais les
dirigeants d’Uber ont engagé une guérilla juridique qui leur permet pour le
moment de continuer à se développer. C’est ainsi qu’Uber est disponible à
Paris, Lyon, Lille, Toulouse, Bordeaux et Nice.
Les
artisans taxis, en défendant les réglementations existantes, cherchent à sauver
leur gagne-pain et c’est bien légitime. C’est un combat bien différent de celui
des entreprises capitalistes, comme les G7 et autres sociétés de taxis, qui
elles, défendent leurs profits et leur position dominante menacée par la venue
de nouveaux concurrents. Mais ces chauffeurs indépendants se retrouvent à
s’opposer à d’autres travailleurs, ceux qui souhaitent tenter leur chance avec
UberPOP et qui, eux aussi, cherchent à survivre.
Une
situation qui illustre la façon dont le capitalisme transforme la société en
une véritable jungle, où des travailleurs sont conduits à s’opposer à d’autres,
pendant que les plus grands fauves, eux, profitent sur le dos de tous.
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