Travailleurs
indépendants : alliés ou adversaires des salariés ?
Lundi 9 mars, des petits
commerçants, artisans et travailleurs indépendants ont manifesté à Paris, suite
à l’appel de collectifs de petits patrons diffusé sur Internet.
La
diversité de ces milliers de manifestants était celle des cinq millions de
personnes concernées par le Régime social des indépendants (RSI) contre lequel
ils protestaient. On y trouvait aussi bien des petits patrons aisés, pour qui
toute cotisation, tout impôt est un vol, que des travailleurs indépendants
vivant plus mal que bien des salariés.
Les
dysfonctionnements du RSI sont réels, les cotisations sont élevées et les
reversements, surtout les retraites, faibles. Les calculs sont obscurs et les
erreurs fréquentes. Mais, au-delà des questions de cotisations, c’est la crise
elle-même qui enfonce nombre de travailleurs indépendants dans les difficultés.
Ils souffrent avant tout de la baisse de la consommation populaire, conséquence
du chômage massif, du blocage des salaires et des retraites. Il n’y a pas que
les salariés et les allocataires qui attendent le 5 du mois : bien des
commerçants des quartiers populaires aussi.
Pourtant,
ceux qui prétendent parler pour les travailleurs indépendants, les
organisateurs des manifestations entre autres, loin de montrer leur communauté
d’intérêts avec les salariés, les incitent au contraire à se tourner contre eux.
C’est aussi évidemment ce que font les politiciens de droite et d’extrême
droite qui viennent souffler sur les braises dans leurs manifestations, comme
on l’a vu le 9 mars et comme la télévision l’a complaisamment montré.
Les
travailleurs indépendants ne sont pas voués par nature à servir de masse de
manœuvre à ces politiciens. Ils peuvent aussi se ranger au côté des
travailleurs salariés. On l’a vu à plusieurs reprises, dans des proportions
modestes il est vrai, quand des travailleurs se battaient contre des fermetures
d’usine qui ruinaient toute une ville. Ce qui s’est fait spontanément à petite
échelle peut se reproduire à une échelle plus vaste.
Une telle alliance aurait pour
premier effet de priver l’extrême droite d’une partie de ses troupes. Mais les
travailleurs indépendants ne suivront les travailleurs salariés que si ceux-ci
leur inspirent confiance, c’est-à-dire s’ils se battent résolument contre le
système capitaliste en donnant ainsi une perspective à toute la population
travailleuse.
Nicolas
CARL
A Argenteuil, les rapports
que des militants de Lutte Ouvrière ont pu établir avec des petits commerçants,
de boutique ou de marché, illustrent
cette possibilité de l’alliance entre une partie du monde du travail, les
salariés, et une autre, celle des travailleurs indépendants.
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