samedi 20 décembre 2014

Finances locales : à Argenteuil comme ailleurs, s'en prendre à la dictature de la bourgeoisie sur la société


S’en prendre à la bourgeoisie, au pouvoir sur la société des grands groupes industriels et financiers

 
Conseil municipal après conseil municipal, la municipalité d’Argenteuil prend des mesures contre la vie de la population : hausse des tarifs, baisse des subventions, suppressions de services rendus à la population, suppression de postes. Elle justifie ces mesures par la « situation financière de la Ville ». Mais elle n’approfondit jamais la question. La « gestion P. Doucet » lui suffit comme explication. Elle ne s’en prend ni aux banques, ni à la politique gouvernementale. Ce serait certes dénoncer le pouvoir de la bourgeoisie sur la société et appeler à le combattre,  c’est-à-dire des idées, un programme, à des années-lumière » des références idéologiques des dirigeants de la municipalité d’Argenteuil.
      Ce que vous n’entendrez pas au conseil municipal d’Argenteuil, vous pourriez l’entendre à celui de Bezons. Ci-dessous la prise de position de Michel CAMPAGNAC, conseiller municipal Lutte Ouvrière, prononcée lors du dernier conseil municipal de Bezons.
 
« Cela fait des années que les différents gouvernements contraignent les communes à gérer davantage de services tout en leur donnant moins de moyens financiers pour fonctionner. Mais cette fois ci, il y a un changement d'échelle et les sommes qui vont manquer sont d'une autre ampleur. Bezons n'est d'ailleurs pas la seule commune confrontée à cette situation. Toutes les communes le sont. A Gennevilliers, par exemple, la municipalité parle de « baisse historique » ou de « budget casse-tête » ; là-bas aussi, le gouvernement impose de se passer de 4 millions en 2015 pour faire fonctionner les services.
      De fait, les décisions du gouvernement consistent essentiellement à imposer à la population des sacrifices, en supportant des services publics qui fonctionnent moins bien.
     La municipalité a chiffré et comparé en terme de services ce que représentent l'ensemble des baisses de dotations de l’État. Et je partage cette façon de voir les choses : en donnant moins, le gouvernement nous demande de vivre avec moins de places pour accueillir les enfants en crèches ou, moins de services de santé ou encore, moins de rénovations des écoles, bref il voudrait que nous acceptions de nous passer de choses indispensables. La municipalité parle de « choix difficiles », c'est le moins que l'on puisse dire. Mais cela risque de continuer. Et peut-être que nous verrons demain que nous n'avions pas vraiment à choisir entre la disparition de tel ou tel service car tous sont menacés.
      Les baisses de ressources des communes ne sont d'ailleurs qu'un des volets de la politique des gouvernements, qui consiste à supprimer des emplois dans les services publics. A Bezons, rien que cette année, comme dans bien d'autres villes, nous avons été confrontés aux suppressions d'emploi à La Poste, mais aussi, maintenant, dans le lycée que le gouvernement ne veut plus considérer comme un établissement difficile qui mérite des moyens supplémentaires, au titre de la ZEP, (zone d'éducation prioritaire). Cela signifiera sans doute moins de surveillants, moins d'enseignants et de personnel, des classes avec des élèves en plus grand nombre et sans doute des difficultés plus importantes elles aussi.
     Pour justifier toutes les suppressions d'emplois dans les services publics, ceux de la ville, ceux des écoles ou de l’hôpital, le gouvernement nous sert toujours le même prétexte, celui des économies qu'il faudrait impérativement faire car il devrait dégager toujours plus de ressources pour aider le patronat.
      Quand d'un côté, le gouvernement affirme qu'il ne peut plus aider les plus modestes, il décide de l'autre d'aider toujours davantage les actionnaires des entreprises. Si aujourd'hui les caisses de l’État sont vides, c'est qu'elles ont servi à financer le grand patronat par tous les bouts. Même la presse favorable aux patrons le dit. Je cite par exemple le Figaro, le journal du multimilliardaire Dassault, qui titrait il y a peu : « les aides aux entreprises sont coûteuses et peu efficaces » (18.06.2013) il les chiffrait lui-même à plus de 110 milliards par an.
       Cette politique dure depuis des années et, permet-elle de résorber le chômage ? Bien sûr que non. Au contraire, elle vide les caisses de l’État et conduit en plus à supprimer des emplois dans les services publics et, du coup, à aggraver encore le chômage. D'ailleurs, les patrons le disent eux- mêmes : ce ne sont pas les aides qui leur permettent d'embaucher, mais le carnet de commande. Ils prennent tout de même les aides de l’État qui leur permettent par contre de chouchouter leurs actionnaires. C'est encore la presse patronale qui le dit et je cite par exemple les Échos qui écrivait il y a peu : « la France championne du monde des versements de dividendes » avec plus de 40 milliards reversés par les grosses sociétés à leurs actionnaires cette année. Et ce n'est qu'un aspect de la fortune de ces actionnaires.
       Voilà pourquoi nous en sommes là : les sacrifices pour les plus modestes à cause des cadeaux aux plus riches.
      Pour en revenir au budget de la ville je suis d'accord avec les protestations exprimées par la municipalité contre les restrictions imposées par le gouvernement mais je ne pourrais pas voter un budget qui prévoit de répercuter ces restrictions sur la population et les travailleurs de la ville. Les sacrifices demandés serviront-ils demain à redresser la situation ? Je ne le pense pas. Les coupes budgétaires d'aujourd'hui seront suivies d'autres. Elles ne feront qu'ajouter du chômage au chômage et des difficultés à ceux qui en ont déjà.
      Bien sûr, ces problèmes réclament des solutions qui dépassent les possibilités de la commune. Je pense d'ailleurs que ces problèmes n'ont pas de solution dans le cadre d'une société qui marche sur la tête. Une société dans laquelle on condamne des millions de personnes au chômage alors que l'on va exiger des autres travailleurs, toujours davantage d'efforts au travail.
      La solution, c'est de contraindre la bourgeoisie à prendre sur les fortunes accumulées, sur les profits des entreprises. Et ma conviction c'est qu'une mobilisation de l'ensemble du monde du travail déploierait l’énergie et la force suffisante pour contraindre le gouvernement et les patrons à faire ce qu'ils ne veulent pas faire aujourd’hui : prendre sur leurs profits pour assurer des emplois et aussi développer les services dont la population a besoin. »

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