S’en prendre à la bourgeoisie, au pouvoir sur la société des grands
groupes industriels et financiers
Conseil
municipal après conseil municipal, la municipalité d’Argenteuil prend des
mesures contre la vie de la population : hausse des tarifs, baisse des
subventions, suppressions de services rendus à la population, suppression de
postes. Elle justifie ces mesures par la « situation financière de la
Ville ». Mais elle n’approfondit jamais la question. La « gestion P.
Doucet » lui suffit comme explication. Elle ne s’en prend ni aux banques,
ni à la politique gouvernementale. Ce serait certes dénoncer le pouvoir de la
bourgeoisie sur la société et appeler à le combattre, c’est-à-dire des idées, un programme, à des années-lumière »
des références idéologiques des dirigeants de la municipalité d’Argenteuil.
Ce que vous n’entendrez pas au conseil
municipal d’Argenteuil, vous pourriez l’entendre à celui de Bezons. Ci-dessous
la prise de position de Michel CAMPAGNAC, conseiller municipal Lutte Ouvrière,
prononcée lors du dernier conseil municipal de Bezons.
« Cela
fait des années que les différents gouvernements contraignent les communes à
gérer davantage de services tout en leur donnant moins de moyens financiers
pour fonctionner. Mais cette fois ci, il y a un changement d'échelle et les
sommes qui vont manquer sont d'une autre ampleur. Bezons n'est d'ailleurs pas
la seule commune confrontée à cette situation. Toutes les communes le sont. A
Gennevilliers, par exemple, la municipalité parle de « baisse historique » ou
de « budget casse-tête » ; là-bas aussi, le gouvernement impose de se passer de
4 millions en 2015 pour faire fonctionner les services.
La municipalité a chiffré et comparé en terme
de services ce que représentent l'ensemble des baisses de dotations de l’État.
Et je partage cette façon de voir les choses : en donnant moins, le
gouvernement nous demande de vivre avec moins de places pour accueillir les
enfants en crèches ou, moins de services de santé ou encore, moins de
rénovations des écoles, bref il voudrait que nous acceptions de nous passer de
choses indispensables. La municipalité parle de « choix difficiles », c'est le
moins que l'on puisse dire. Mais cela risque de continuer. Et peut-être que
nous verrons demain que nous n'avions pas vraiment à choisir entre la
disparition de tel ou tel service car tous sont menacés.
Les baisses de ressources des communes ne
sont d'ailleurs qu'un des volets de la politique des gouvernements, qui
consiste à supprimer des emplois dans les services publics. A Bezons, rien que
cette année, comme dans bien d'autres villes, nous avons été confrontés aux
suppressions d'emploi à La Poste, mais aussi, maintenant, dans le lycée que le
gouvernement ne veut plus considérer comme un établissement difficile qui
mérite des moyens supplémentaires, au titre de la ZEP, (zone d'éducation
prioritaire). Cela signifiera sans doute moins de surveillants, moins
d'enseignants et de personnel, des classes avec des élèves en plus grand nombre
et sans doute des difficultés plus importantes elles aussi.
Pour justifier toutes les suppressions
d'emplois dans les services publics, ceux de la ville, ceux des écoles ou de
l’hôpital, le gouvernement nous sert toujours le même prétexte, celui des
économies qu'il faudrait impérativement faire car il devrait dégager toujours
plus de ressources pour aider le patronat.
Quand d'un côté, le gouvernement affirme
qu'il ne peut plus aider les plus modestes, il décide de l'autre d'aider
toujours davantage les actionnaires des entreprises. Si aujourd'hui les caisses
de l’État sont vides, c'est qu'elles ont servi à financer le grand patronat par
tous les bouts. Même la presse favorable aux patrons le dit. Je cite par
exemple le Figaro, le journal du multimilliardaire Dassault, qui titrait il y a
peu : « les aides aux entreprises sont coûteuses et peu efficaces » (18.06.2013)
il les chiffrait lui-même à plus de 110 milliards par an.
Cette politique dure depuis des années et,
permet-elle de résorber le chômage ? Bien sûr que non. Au contraire, elle vide
les caisses de l’État et conduit en plus à supprimer des emplois dans les
services publics et, du coup, à aggraver encore le chômage. D'ailleurs, les
patrons le disent eux- mêmes : ce ne sont pas les aides qui leur permettent
d'embaucher, mais le carnet de commande. Ils prennent tout de même les aides de
l’État qui leur permettent par contre de chouchouter leurs actionnaires. C'est
encore la presse patronale qui le dit et je cite par exemple les Échos qui
écrivait il y a peu : « la France championne du monde des versements de
dividendes » avec plus de 40 milliards reversés par les grosses sociétés à
leurs actionnaires cette année. Et ce n'est qu'un aspect de la fortune de ces
actionnaires.
Voilà pourquoi nous en sommes là : les
sacrifices pour les plus modestes à cause des cadeaux aux plus riches.
Pour en revenir au budget de la ville je suis
d'accord avec les protestations exprimées par la municipalité contre les
restrictions imposées par le gouvernement mais je ne pourrais pas voter un
budget qui prévoit de répercuter ces restrictions sur la population et les
travailleurs de la ville. Les sacrifices demandés serviront-ils demain à
redresser la situation ? Je ne le pense pas. Les coupes budgétaires
d'aujourd'hui seront suivies d'autres. Elles ne feront qu'ajouter du chômage au
chômage et des difficultés à ceux qui en ont déjà.
Bien sûr, ces problèmes réclament des
solutions qui dépassent les possibilités de la commune. Je pense d'ailleurs que
ces problèmes n'ont pas de solution dans le cadre d'une société qui marche sur
la tête. Une société dans laquelle on condamne des millions de personnes au
chômage alors que l'on va exiger des autres travailleurs, toujours davantage
d'efforts au travail.
La solution, c'est de contraindre la
bourgeoisie à prendre sur les fortunes accumulées, sur les profits des
entreprises. Et ma conviction c'est qu'une mobilisation de l'ensemble du monde
du travail déploierait l’énergie et la force suffisante pour contraindre le
gouvernement et les patrons à faire ce qu'ils ne veulent pas faire aujourd’hui
: prendre sur leurs profits pour assurer des emplois et aussi développer les
services dont la population a besoin. »
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire