Maroc : des militants ouvriers lourdement condamnés
Le 30 septembre, le
tribunal d'appel de Marrakech a condamné Hamid Majdi et Nasri Bouslham, deux
responsables locaux de la CDT (Confédération démocratique du travail), à six
mois de prison ferme. Il s'agit d'un procès politique. Ces militants ont en
effet été impliqués dans les grèves menées en 2011 par les mineurs de Bou
Azzer, une mine de cobalt exploitée par une filiale de la holding royale SNI et
dans celles des travailleurs des complexes touristiques et des taxis de
Ouarzazate.
Suite à ces grèves, la
répression politique s'était déjà abattue sur plusieurs ouvriers grévistes et
sur des militants de la CDT. Cinq ouvriers syndiqués avaient été condamnés à
six mois de prison ferme. Deux responsables locaux de la CDT, dont Nasri
Bouslham, avaient écopé de la même peine, Hamid Majdi avait été condamné à un
an. Ce procès étant entaché d'irrégularités - le jugement avait été prononcé en
l'absence des inculpés - leurs avocats avaient fait appel. Le procès en appel
de fin septembre a donc confirmé la condamnation de Hamid Majdi et Nasri
Bouslham. Les autres condamnés seront rejugés en appel dans les semaines qui
viennent.
Ce
procès est le dixième procès politique pour Hamid Majdi, un militant qui,
depuis les luttes de 2011, a été muté arbitrairement par les autorités dans la
région de Marrakech, pour l'éloigner de Ouarzazate. Alors qu'il était
conseiller municipal de cette ville pour le PSU ( Parti socialiste unifié), il
avait dénoncé les pratiques douteuses de l'ancienne équipe de la mairie. De
tous les combats de la classe ouvrière dans la région depuis vingt ans, il est
aussi à l'origine de la création d'une section de la CDT dans les mines de Bou
Azzer, qui a mené la lutte pour y faire appliquer le code du travail.
Malgré
les beaux discours de Mohamed VI sur la démocratie, le régime marocain cherche
toujours à faire taire les militants syndicaux et politiques qui luttent pour
améliorer la condition ouvrière et dénoncent la corruption et les détournements
de biens publics.
Valérie FONTAINE
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