Canada : pour
la défense de leur retraite, les employés municipaux québécois mobilisés
Au Canada, le gouvernement du Québec, dirigé par
le Parti libéral de Philippe Couillard, s'attaque aux régimes de retraite des
agents municipaux.
La loi 3, dite de « santé financière et de
pérennité des régimes de retraite du secteur municipal », prétend combler les
déficits de ces caisses de retraite par des hausses des cotisations des
salariés d'une part, et d'autre part en lésant les retraités, dont les pensions
ne seraient plus indexées sur les hausses de prix. Pourtant, quand déficit il y
a, il est dû à la crise financière de 2008 et à ses conséquences sur les
finances des municipalités, pas aux retraités. Mais, en bon gestionnaire des
intérêts capitalistes, le gouvernement québécois veut reporter les conséquences
de la crise sur les travailleurs.
Le gouvernement a d'ailleurs l'intention
d'imposer ces reculs dans toutes les municipalités, y compris celles dont les
caisses de retraite sont notoirement bénéficiaires. Car le but de l'opération
est de s'en prendre dans la foulée aux retraites des fonctionnaires d'État. Et,
surtout, un projet de loi analogue contre les travailleurs du privé et les
universitaires est en préparation.
Les réactions des travailleurs ont été
nombreuses et visibles dans plusieurs villes, dont Montréal et Québec. Les
véhicules de pompiers et de police sont couverts d'autocollants, portant « On
n'a rien volé (nous) », allusion aux scandales de corruption liant des
entreprises du bâtiment et l'administration de la ville de Montréal. Cela vise
des élus qui accusent les employés municipaux de dilapider l'argent public avec
leurs retraites. Plusieurs manifestations à Montréal et à Québec ont regroupé
de nombreux salariés et retraités.
Une manifestation a envahi l'hôtel de ville le
18 août, le jour du conseil municipal, le maire se réfugiant dans son bureau.
Elle n'a plu ni au gouvernement ni aux élus de Montréal, qui ont qualifié les
manifestants de vandales et les ont comparés... aux miliciens russes en Crimée
- rien que ça. Des licenciements et des peines criminelles sont prévus, ainsi
que des sanctions contre des policiers impliqués dans la mobilisation, parce
qu'ils n'ont pas tabassé les manifestants, comme ils l'avaient fait pour les
manifestations étudiantes en 2012 ! La presse accuse les travailleurs
municipaux d'être des privilégiés, au prétexte que bien des travailleurs du
privé auront des retraites minables.
Pour sa part, le maire de Montréal, en tant
qu'ex-député, aura une retraite annuelle de 88 800 dollars canadiens (environ
65 000 euros), en plus de sa pension de maire : cet ardent défenseur de la loi
3 sait ne pas s'appliquer à lui-même ce qu'il impose aux autres.
Le gouvernement veut accélérer l'adoption de la
loi 3. Manifestement, les travailleurs québécois n'ont pas l'intention de subir
sa politique les bras croisés.
Alain CHEVARD
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