Valls
lui-même le dit : la rentrée sera difficile.
Pour
une fois, il dit la vérité. La rentrée sera en tout cas difficile pour les
travailleurs, les chômeurs, les retraités du monde du travail, et pour
beaucoup, catastrophique. Les grandes entreprises continuent à diminuer leurs
effectifs au nom de la compétitivité en faisant faire plus de travail par moins
de travailleurs. Le chômage augmente inexorablement. Même celles et ceux qui
retrouvent du travail après un licenciement, au bout des semaines ou des mois de
galère, ne retrouvent qu’un emploi plus précaire, plus flexible, plus mal payé
et souvent, loin du logement péniblement acquis au fil des ans. Quant aux
jeunes, commencer sa vie professionnelle sans trouver d’emploi, errer de petit
boulot en petit boulot devient la règle. Même pour les salariés qui ont un
emploi stable, leur pouvoir d’achat s’effrite parce que les salaires sont
bloqués alors que les dépenses augmentent : loyers, impôts, scolarité des
enfants.
Malgré les mensonges et les fausses promesses dont
Hollande et Valls nous ont abreuvés tout au long de l’année en pérorant sur la
reprise de la croissance ou le « retournement de la courbe du
chômage », l’économie ne redémarre pas. Même l’Allemagne, présentée si
longtemps comme l’exemple à suivre, est en train de s’enfoncer dans la
stagnation. L’économie capitaliste, cette économie démente où la concurrence
pour le profit conduit à des soubresauts économiques de plus en plus fréquents,
de plus en plus graves, ne parvient pas à surmonter sa crise. Voilà la raison
fondamentale de l’aggravation de la guerre de classe menée par la classe
capitaliste contre les travailleurs.
Pour la grande bourgeoisie qui monopolise la
propriété des usines, des machines, des moyens de production, démolir les
conditions d’existence des travailleurs est un impératif pour sauvegarder et
pour accroître leurs fortunes malgré la crise. Mieux, en profitant de la crise
elle-même, pour que les actionnaires des entreprises les plus puissantes
mettent la main sur les canards boiteux, pour concentrer le pouvoir économique
entre les mains d’un nombre restreint de grand bourgeois. Pour eux, la crise
n’est pas un malheur mais une opportunité à saisir. Ce qui leur en donne les
moyens, c’est l’aggravation de l’exploitation dans les entreprises elles-mêmes
et c’est la mise à leur disposition d’une part croissante des moyens de l’État
avec pour contrepartie des économies sur les services publics et la démolition
des protections sociales.
Dans cette guerre de classe, l’État, le
gouvernement sont entièrement au service des intérêts de la grande bourgeoisie.
Les Hollande et Valls parlent d’entreprises, là où il s’agit en vérité de leurs
actionnaires, de la grande bourgeoisie. Car prétendre « favoriser les
entreprises » alors que celles-ci licencient, est une escroquerie. Le
profit des entreprises n’a jamais servi aux travailleurs et depuis plusieurs
années, il ne sert même plus les investissements productifs mais la
spéculation. Et Valls d’affirmer qu’« il est hors de question de changer
de politique ». Le Parti socialiste est prêt à se suicider électoralement,
mais il servira jusqu’au bout ses donneurs d’ordre, les gros possédants.
Voilà ce qu’ils nous réservent. Nous n’avons
rien d’autre à attendre des maîtres de l’économie et de leurs serviteurs politiques
que des coups. Alors, sachons que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
Seule une explosion sociale, susceptible de se transformer en lutte déterminée
et consciente des travailleurs peut les arrêter. Car malgré toute l’avidité de
la classe bourgeoise, malgré toute la servilité de la caste politique, ils
savent que l’économie ne peut fonctionner qu’avec les bras et les cerveaux de
leurs salariés.
Le rapport de force pour une lutte déterminée
n’y est pas encore ? Pèse sur les travailleurs tout le poids du chômage,
de la crainte pour l’avenir. Pèsent autant les déceptions politiques du passé,
le constat que la gauche au pouvoir est aussi servile devant la grande
bourgeoisie que la droite. Pèse encore cette désorientation politique profonde
qui pousse une partie des classes populaires vers des illusions mortelles en
une extrême droite, tout autant au service du grand capital que les autres,
mais en plus dangereux pour les travailleurs et pour la société.
Il n’en reste pas moins que seule la lutte déterminée
et consciente des travailleurs ouvrira une voie.
Nous en avons la capacité. La volonté de nous y
engager viendra en reprenant confiance en nous-mêmes.
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