Des
marchands d’illusions particulièrement dangereux
Le Pen, le père, vient de
commettre une nouvelle déclaration antisémite. Sa saillie a déclenché des
réactions même parmi les dirigeants du Front national tant cette déclaration
colle mal à l’image respectable que Le Pen, la fille, essaie de donner.
Marine
Le Pen, elle-même, condamne « la faute politique » de son père. Elle ne lui
reproche pas son antisémitisme et son racisme, elle lui reproche de les
exprimer tout haut.
On
pourrait penser que le père fondateur du FN devient bien encombrant pour Marine
Le Pen dont l’ambition affichée est de casser l’UMP et de reconstruire la
droite autour de sa personne.
Marine
Le Pen est une démagogue qui adapte son discours à ses besoins électoraux. Pour
ratisser le plus large possible, elle ne s’adresse plus seulement aux petits
patrons réactionnaires. Elle cherche l’oreille des chômeurs, des ouvriers ou
des retraités, en parlant pouvoir d’achat, chômage.
C’est
de la démagogie électorale car le FN n’a rien contre le patronat, rien contre
ses dividendes, ses profits, rien contre les bas salaires qu’il impose. Pour
Marine Le Pen, ce ne sont pas les capitalistes, la concurrence et la course à
l’accumulation qui sont responsables de la crise. Ce sont les étrangers, des
travailleurs comme nous tous, qu’elle accuse de causer le chômage et la misère
!
En
réalité, le père et la fille se partagent le travail. Le noyau dur de ce parti
est à l’image de Le Pen père, ancien parachutiste et tortionnaire de la guerre
d’Algérie, fervent de l’OAS.
La
gauche, le PS comme le PC, porte une responsabilité écrasante dans le fait que
le FN trouve un écho même dans les classes populaires où beaucoup se disent que
« ceux-là, on ne les a encore jamais essayés ».
Le PS
et le PC prêchent aux travailleurs depuis des dizaines d’années la seule
perspective électorale comme moyen de changer leur vie. Mais chaque fois que la
gauche est passée au pouvoir, elle a renié même le peu de promesses qu’elle
avait fait aux classes populaires, pour mener au gouvernement une politique
exigée par la bourgeoisie.
C’est
la politique menée par le PS avec le soutien ouvert ou hypocrite du PC qui a
écœuré une fraction croissante des travailleurs. C’est également cette
politique qui a détourné de l’activité nombre de militants de la classe
ouvrière.
Ceux
qui ont compris qu’il n’y avait plus rien à attendre de la gauche mais qui se
jettent dans les bras du FN ont remplacé leurs vieilles illusions par d’autres,
et les pires qui soient. Car si l’on peut se relever des illusions placées dans
un Hollande, il y a le risque que l’on puisse ne pas revenir sur celles mises
dans le FN.
Le FN
est l’ennemi des travailleurs. Il pèse déjà sur la société et tire la vie
politique vers la droite. L’influence du FN sur une partie du milieu populaire
divise les travailleurs et les affaiblit. Aujourd’hui, ce n’est qu’en paroles,
mais les paroles, ça compte.
La
menace va bien au-delà des travailleurs étrangers qui sont dans la situation la
plus fragile. Car si Le Pen est associée au pouvoir, elle s’en prendra d’abord
aux derniers arrivants en commençant par ceux sans papiers mais, ensuite, elle
s’en prendra aux autres.
Et une
carte d’identité française ne protégera pas les travailleurs contre un courant
réactionnaire fondamentalement opposé à toute conscience de classe des
travailleurs.
Alors,
il faut tout faire pour arracher les travailleurs à l’influence du FN. Il n’est
pas trop tard. Entre un vote de protestation et une adhésion aux positions du
FN, il y a de la marge. Une marge qu’il faut mettre à profit pour discuter,
pour convaincre, pour entraîner les travailleurs dans les luttes qu’ils ont à
mener.
Car il
ne s’agit pas de faire la morale et d’appeler à bien voter.
Il ne
s’agit pas de construire des combinaisons politiciennes censées servir de
rempart électoral au FN. Ces manœuvres politiciennes et électoralistes sont
puériles au moment même où un nombre croissant d’électeurs a compris tout ce
qu’elles avaient de mensonger et d’illusoire.
Il faut
opposer au FN des perspectives qui sont propres aux travailleurs, la défense de
leurs intérêts sur la base des moyens qui leur sont propres : les luttes
collectives et conscientes.
Il faut
retrouver le chemin de la lutte de classe.
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