jeudi 24 avril 2014

Réfugiés syriens de Saint-Ouen : un article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine

Réfugiés syriens en France : des réfugiés encombrants

Depuis le 17 avril, une centaine de réfugiés syriens, dont de nombreux enfants, sont installés dans un square de Saint-Ouen, à deux pas du boulevard périphérique parisien. Ayant fui leur pays en guerre, ils sont arrivés en France depuis des semaines et errent, sans statut de demandeurs d'asile ni toit fixe.
Aidées tant bien que mal par des associations et hébergées pour certaines par des volontaires, ces familles étaient encore sans solution le 22 avril. Les autorités se renvoient la balle : la nouvelle municipalité de Saint-Ouen pense que c'est un problème parisien, la préfecture attend qu'une demande officielle d'asile politique soit déposée. Hollande, lui, est occupé à poser avec les journalistes libérés.
Depuis trois ans, la guerre civile a poussé hors de Syrie 2,4 millions de personnes, réfugiées le plus souvent en Turquie, au Liban, en Jordanie et en Irak. Les grandes puissances de l'Union européenne, si promptes à approuver les déclarations va-t-en-guerre contre Assad, étaient censées contribuer à « soulager la pression » subie par les quatre États dits de « premier asile » et accueillir, elles aussi leur part de Syriens réfugiés. C'est d'ailleurs ce que leur avait demandé le haut-commissariat onusien aux Réfugiés.
Mais si la Suède a ouvert ses portes à 14 000 d'entre eux depuis janvier 2013, si l'Allemagne propose d'en accueillir de 5 000 à 10 000, la France ne propose que 500 places, soit -- calcul sordide s'il en est -- 0,02 % des Syriens ayant dû fuir leur pays.
Comme le rappelait un responsable associatif, après le coup d'État de septembre 1973 au Chili, le gouvernement de droite avait accueilli en France entre 10 000 et 15 000 réfugiés fuyant la dictature. Quarante ans plus tard, pour la Syrie, on est bien loin d'un tel chiffre, de la part d'un chef d'État PS qui appelait pourtant en septembre dernier à « punir Assad » pour l'usage d'armes chimiques, quitte à faire flamber la guerre dans le pays et à obliger une partie des habitants à fuir loin des bombes.
Viviane LAFONT

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire