vendredi 25 avril 2014

Parti Socialiste, Valls et la « gauche » du PS : le jeu de rôle habituel

Les médias rendent compte du dérisoire jeu de rôle entre Valls et une « gauche » du PS, Valls faisant mine d’avaliser des concessions à ladite « gauche » dans un jeu cousu de fil bleu… joué d’avance. Sur la question, un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.

Gauche du Parti socialiste : une opposition de pacotille

Face aux mesures d'austérité annoncées par Valls lors de son discours de politique générale, l'agitation ne connaît pas de cesse au sein du groupe parlementaire socialiste. Il y a quelques jours, ceux qui se présentaient comme « la gauche socialiste » regimbaient à voter le soutien au gouvernement, avant que finalement, la plupart d'entre eux s'inclinent et votent.
Cette fois, des parlementaires -- pas exactement les mêmes, nous dit-on -- ont protesté non pas contre ces mesures, mais contre leur champ d'application, se plaignant qu'elles toucheraient trop durement les catégories les plus modestes. Victoire, clament ces contestataires de pacotille, vite satisfaits d'avoir été reçus par Valls. Ils frétillent d'aise, du fait qu'on leur a promis -- promis seulement -- d'adoucir certaines de ces mesures, en différant leur application à plus tard, ou sur des périodes plus longues. Cela s'apparente à vouloir couper la queue du chat par petits bouts, sous prétexte de le faire moins souffrir.
Mais le plus notable dans l'attitude de ces pseudo-opposants, c'est qu'ils ont accepté d'emblée ce qui fait le noyau de ce pacte de responsabilité, les milliards accordés au patronat. Ils n'en discutent, et encore bien mollement, que les modalités d'application, c'est-à-dire le périmètre et le rythme d'application.
La technique est tellement rabâchée qu'on aura du mal à faire croire à la bonne foi de ces opposants de salon à Valls. N'importe quel patron utilise une telle ficelle quand il décide d'une enveloppe pour dire ensuite, aux représentants du personnel, que l'on peut maintenant discuter de telle ou telle virgule, de tel ou de tel détail. Valls ne fait pas autrement.
Il en faudrait plus pour convaincre que le nouveau Premier ministre aurait été « contraint de négocier avec le PS » comme le titre Le Figaro du 23 avril. Il est vrai que pour ce journal de droite, c'est surtout une façon de souligner la faiblesse de Manuel Valls. Quant à L'Humanité du même jour, qui se réjouit de l'activité de l'opposition au sein du PS, elle en est à souhaiter « qu'entre l'austérité et la justice sociale, la gauche, (le PS) ne doit pas hésiter ». Comme si ce choix n'avait pas été fait, et depuis longtemps, avant même le remplacement d'Ayrault par Valls, avant même l'élection de Hollande.
En réalité, ces gesticulations au sein du groupe parlementaire socialiste n'ont d'autre fonction que d'amuser la galerie, pour duper les électeurs, leur laissant croire que les décisions du gouvernement pourraient encore changer en mieux. Et accessoirement elles sont destinées à essayer de sauver les meubles de certains notables qui craignent d'être victimes, à leur tour, d'une nouvelle débâcle électorale.
L'expérience aidant, ils sont sans doute de moins en moins nombreux à se laisser prendre à ces jeux de rôle. Mais pour que les choses changent vraiment, et dans le bon sens, il sera nécessaire que les classes populaires choisissent d'intervenir elles-mêmes, directement, consciemment, sur le terrain politique et sans laisser à des pantins le rôle de parler en leur nom.


                                                                      Jean-Pierre VIAL

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