samedi 16 novembre 2013

Dassault : côté Ville, c’est pas joli. Une correspondance de Corbeil (91) extraite de l’hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine


Dassault à Corbeil-Essonnes : les méthodes d'un grand bourgeois

La mairie de Corbeil-Essonnes est de nouveau sous les feux de l'actualité. Des enquêtes judiciaires ont été diligentées pour en savoir plus sur les liens probables entre deux tentatives d'homicide commises en début d'année et le système de dons d'argent que Dassault a mis en place depuis bien longtemps pour peser sur les élections municipales.
     L'affaire a récemment rebondi, car le meurtrier présumé d'une des deux tentatives d'homicide, Younes Bounouara, dont le nom était tu par la presse jusqu'ici, est connu à Corbeil pour être l'homme de main de Dassault. Par lui, des sommes importantes auraient transité (on parle de 1,7 million d'euros), utilisées pour payer des relais dans les quartiers, visant à voter et faire voter Dassault. Ancien délinquant devenu chef d'entreprise, Bounouara a, en février dernier, tiré par trois fois sur un homme de 32 ans, « parce qu'il se sentait harcelé par un gang de voyous », a-t-il déclaré. Cette version étant peu convaincante, la justice essaie d'établir les rapports qui peuvent exister entre le système de dons d'argent institué par Dassault et le geste de Bounouara.
     Au-delà de l'issue judiciaire, cette affaire illustre le climat délétère qu'entretient l'argent de la cinquième fortune de France dans la ville populaire de Corbeil-Essonnes. Assumant l'image du puissant qui peut tout acheter, Dassault a nourri des pratiques qui ont dégradé les liens de solidarité qui pouvaient exister, au profit du clientélisme et du communautarisme. Conseils municipaux filtrés par une petite milice secondée par les polices nationale et municipale, intimidations et menaces sur les élus de l'opposition, menaces de fermeture d'usines en cas de non-réélection : la mairie Dassault a montré ce que pouvait être le pouvoir imposé par un grand bourgeois milliardaire.
     Mais l'originalité de Corbeil-Essonnes réside surtout dans le fait que Dassault a tenu à occuper lui-même la place de maire. Dans la plupart des grandes villes, la bourgeoisie dévolue cette place à un personnel politique formaté. À Corbeil, le bourgeois Dassault s'est mis en personne sur le devant de la scène.
     S'opposant au système Dassault, le créneau électoral du PS et du PC, comme celui d'une partie de la droite d'ailleurs, est de souhaiter une gestion « plus propre », en réclamant que « la République n'abandonne pas Corbeil-Essonnes » ! Pour l'heure, la république bourgeoise abandonne si peu Dassault que son Sénat, à majorité de gauche, n'a pas voté la levée de l'immunité parlementaire du milliardaire, ce qui l'aurait exposé un peu plus à la justice.

                                                                                            
                                                                                           Correspondant LO

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