La propagande xénophobe contre les Roms : c'est
aussi une campagne antipauvres
Les élections municipales approchant, on ne compte
plus le nombre de politiciens à droite, à l'extrême droite, mais aussi à gauche
avec Valls en chef d'orchestre, qui y vont de leurs propos contre les Roms.
Entre
le Front national et la droite dite républicaine, il est bien difficile de dire
qui va le plus loin. Le maire UMP d'une petite ville du Nord a quasiment lancé
un appel au lynchage en déclarant : « Les Roms n'ont rien à faire à
Croix. » Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la mairie de Paris, a,
elle, tenu à dire : « J'ai l'impression que les Roms harcèlent
beaucoup les Parisiens. »
D'autres
politiciens, « de gauche », ne sont pas en reste. Anne Hidalgo,
candidate du PS à la mairie de Paris, a déclaré : « Paris ne peut pas
être un campement géant, je soutiens [...] la politique de Manuel Valls. »
En effet, en matière de démagogie anti-Roms, le ministre de l'Intérieur est une
référence.
« À
Lille, nous menons des opérations déterminées avec Martine Aubry contre les
camps illégaux », vient de déclarer Valls. « En venant se greffer
près des quartiers populaires, ils viennent rajouter de la misère à la misère.
L'insalubrité, la violence et l'insécurité s'installent. » Nul ne peut
nier que l'installation d'un bidonville de plusieurs centaines de personnes
dans des villes populaires crée des problèmes de salubrité et de relations de
voisinage. Mais où sont les aires aménagées pour les gens du voyage que les
communes de plus de 5 000 habitants sont obligées de construire ? Où sont
les moyens que l'État devrait mettre pour loger convenablement ces familles et
se charger d'éduquer les enfants ? Cela ne représenterait pas grand-chose
quand on sait que la population Rom en France est estimée à moins de 20
000 personnes. Critiquant Valls, la vice-présidente de la Commission
européenne a rappelé qu'il y avait 50 milliards d'euros inutilisés à la
disposions des États pour l'insertion des Roms. Les États, dont la France, se
préoccupent encore moins des Roms qu'ils ne se préoccupent des milieux
populaires en général.
« Les
Roms ne souhaitent pas s'intégrer pour des raisons culturelles », a encore
dit Manuel Valls. Mais pour « s'intégrer », il faudrait déjà qu'il y
ait des logements sociaux et du travail. Et, bien que les Roms, d'origine
roumaine ou bulgare pour la plupart, soient des citoyens européens, ils n'ont
pas les mêmes droits que les autres, l'accès à l'emploi par exemple leur étant
limité à quelques métiers.
Reste
le prétendu argument de la sécurité. Mais, s'il est coutumier depuis le Moyen
Âge d'accuser les Roms chaque fois qu'une poule disparaît, ce n'est pas plus
vrai aujourd'hui qu'hier. Quant aux enfants réduits à mendier ou à faire les
poches des gens, l'État y a sa part de responsabilité. En obligeant les Roms à
quitter un campement pour s'installer ailleurs, Valls détruit les efforts des
associations, des services sociaux et des enseignants pour scolariser les
enfants, leur assurer un suivi sanitaire et leur offrir un autre avenir que de
tendre la main.
Les
politiciens usent de la carte du bouc émissaire et en espèrent des retombées
électorales. Mais à ce petit jeu, ce sont les plus réactionnaires, y compris
vis-à-vis des classes populaires, qui profitent et qui gagnent.
Marianne LAMIRAL
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