Encouragée
par les reculs du gouvernement, la droite se radicalise
Depuis des mois, la droite s'en donne à coeur joie sur le mariage pour
tous, ou plutôt contre cette loi à venir dont le cardinal Vingt-Trois,
porte-parole d'une Église arc-boutée dans la défense de la « loi
divine », prétend qu'elle prépare une « société de violence ».
La
violence, elle se trouve pourtant dans les cortèges des amis de l'UMP et de
l'Église, où parade l'extrême droite. S'y sentant comme des poissons dans
l'eau, ses gros bras y font le coup de poing contre la police, crient leur
haine de la « loi Taubira » – la couleur de peau de la ministre de la Justice ajoutant à leur
fureur – voire, comme à Nantes, traquent une journaliste connue pour défendre
le mariage pour tous.
La
droite parlementaire, qui ne veut pas laisser au Front national le monopole de
la défense des préjugés les plus crasses, en rajoute dans la surenchère.
Par
la voix du député Laurent Wauquier, elle a déjà dénoncé un « coup de
force » du gouvernement quand le Sénat a ratifié la loi. Et elle ne
relâche pas la pression : d'autres manifestations ont été programmées,
dont une le 5 mai, et bien sûr une le 26 mai, pour la fête des
Mères : Pétain, qui en fut l'instaurateur, serait ravi...
Le
patron de l'UMP, Copé, a mis en garde le gouvernement contre « un coup de
force parlementaire », lui demandant « d'entendre la colère des
Français, de suspendre la discussion sur le texte du mariage pour tous et de ne
s'occuper que d'une seule chose : la lutte contre le chômage, qui est
aujourd'hui la préoccupation majeure des Français ».
Invoquer
la lutte contre le chômage, cela s'appelle avoir un sacré culot quand on dirige
l'UMP et qu'il y a à peine un an un gouvernement et un président UMP menaient
la charge contre le niveau de vie des classes populaires.
Seulement
voilà, il y a également un an, le PS et son candidat à la présidentielle
promettaient, eux, « le changement maintenant ». En fait de
changement, ceux des électeurs populaires qui avaient voté pour Hollande et le
PS n'ont pas eu à attendre pour constater que la nouvelle majorité ne tenait
pas même ses plus timides promesses en matière d'emplois, de salaires, de
retraites, etc. Pire : c'est elle qui mène maintenant l'attaque contre la
classe ouvrière.
Le
PS a ainsi ouvert un boulevard à la droite à l'extrême droite et à leur
démagogie réactionnaire. La droite saisi l'occasion du vote de la loi sur le
« mariage pour tous ». Mais un autre prétexte aurait tout aussi bien
pu faire l'affaire : l'automne dernier, l'UMP, aiguillonnée par le Front
national, avait cherché à rameuter contre le droit de vote aux élections
locales pour les ressortissants d'États non membres de l'Union européenne.
Dans
ce système où, dès qu'un parti bourgeois s'est usé au pouvoir, un autre le
remplace et mène fondamentalement la même politique au service des possédants,
la moindre occasion peut servir pour tenter de récupérer le mécontentement, si
c'est sur un terrain qui ne menace en rien les intérêts de la bourgeoisie. Cela
fait partie de ce que certains appellent le « jeu démocratique » et
qui est un jeu de dupes. Dans toute cette affaire, les intérêts des exploités
ne sont défendus par personne, au contraire. C'est en eux-mêmes qu'ils devront
trouver la force et la volonté d'opposer la défense de leurs propres intérêts
de classe, de leur propre politique, aux tenants de l'ordre établi.
Pierre
LAFFITTE
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