L'opacité de la fortune des Peugeot
« La compagnie holding de la famille Peugeot, FFP (société
foncière financière et de participation), va subir de plein fouet les
difficultés du constructeur automobile PSA », estime l'agence
d'informations financières Agefi. À croire que les Peugeot devraient se
retrouver sur la paille.
La décision de la direction du groupe PSA
– à laquelle appartiennent plusieurs membres de la famille Peugeot – de
déprécier artificiellement la valeur de ses « actifs » (bâtiments,
usines, machines...) a pour conséquence, par un jeu d'écritures, de pouvoir
inscrire une « perte ». Mais c'est avoir la mémoire courte et très
sélective que de s'en tenir aux fluctuations des ventes et de la production
automobile et à ces jeux d'écriture. Ce n'est pas d'hier que la famille Peugeot
fait des affaires, puisque dès 1810, elle avait commencé à investir dans
l'industrie une partie des rentes qu'elle percevait des paysans de la région de
Montbéliard. Son enrichissement s'appuya ensuite sur le développement de la
métallurgie. Qu'il s'agisse de ressorts d'horlogerie, de baleines de parapluie
ou de corset, ou plus tard de l'industrie d'automobile, il y eut continuité
dans cette famille d'exploiteurs.
En 1929, l 'immense fortune accumulée dans
l'automobile conduisit la famille Peugeot à créer cette société financière,
FFP, pour gérer son capital. Depuis une trentaine d'années, elle s'est
diversifiée en achetant des participations dans divers secteurs :
l'équipementier aéronautique Zodiac Aerospace, le fabricant de petit
électroménager Seb, une société de marketing suisse, le gestionnaire de maisons
de retraites Orpea, la société de nettoyage Onet, la Société des autoroutes du
Nord et de l'Est de la France
(Sanef), différents fonds de placements... Et encore, cette société financière
ne constitue-t-elle qu'une « poire pour la soif », selon Robert
Peugeot lui-même, qui en est à la tête.
À combien se monte la fortune des Peugeot
et où se trouve-t-elle ? L'opacité et le secret sont quasi totaux sur ce
point. On peut remarquer cependant que le magazine suisse Bilan qui établit un
palmarès des résidents suisses, quelle que soit leur nationalité, y fait
figurer la famille Peugeot en bonne place.
En
France, il est vrai, la revue économique Challenges estime que la fortune des
Peugeot a certes diminué de moitié l'an dernier – ce qui ne les empêche pas de
rester à la 36e place dans les fortunes professionnelles de ce
pays. Cette estimation n'est que virtuelle, puisqu'elle se base sur la
capitalisation boursière du groupe, qui est le reflet d'une activité en partie
spéculative, donc fluctuante. La véritable fortune des Peugeot, leurs avoirs,
leurs propriétés, la fortune des dizaines d'héritiers de la famille... tout
cela est soigneusement à l'abri des regards grâce au secret bancaire.
Savoir
ce qu'il en est exactement de cette fortune accumulée grâce à la sueur des
travailleurs serait la moindre des choses, et c'est bien pourquoi il faudrait
imposer la levée du secret des affaires.
Jean
SANDAY
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