lundi 11 mars 2013
Il n’y a pas de
sauveur suprême, ni au Venezuela ni ailleurs
Les commentateurs des médias ont été étonnés devant les foules immenses de
pauvres, qui, au Venezuela, ont accompagné les obsèques de Chavez.
Eh oui, Chavez était un président qui avait su attirer la sympathie des
masses pauvres de son pays. Mais comme en témoignait la présence de plusieurs
dizaines de chefs d’Etat ou leurs représentants, il avait su tout aussi bien se
faire accepter par les grands dignitaires de ce monde.
Chavez était un des rares chefs d’État de pays sous-développés qui avait su
dire non aux grandes puissances, en l’occurrence les États-Unis, et aux
représentants des grands trusts qui dominent l’économie de ces pays.
De plus, il avait une politique sociale qui tranchait sur celles de tant de
dirigeants politiques d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Ceux-ci empochent
les miettes que leur concèdent les grands trusts qui pillent leurs pays sans en
laisser la moindre retombée pour leurs peuples. Il a utilisé une partie de
l’argent du pétrole pour créer des écoles et des centres de santé dans les
quartiers populaires alors que tant de protégés de grandes puissances se moquent
d’apprendre à lire et à écrire aux enfants de leurs pays et ne se soucient même
pas qu’ils puissent manger à leur faim.
Chavez a su s’opposer aux multinationales américaines et imposer ses
conditions. Mais il n’est pas allé jusqu’à confisquer les intérêts étrangers
dans le pétrole. Il s’est contenté d’accroître le contrôle de l’État et cela a
suffi pour qu’il devienne la bête noire des américains.
C’est son courage à s’opposer à la première puissance mondiale qui a fait sa
popularité. Il a redonné fierté et dignité à son peuple piétiné par
l’impérialisme.
La popularité dont bénéficiait Chavez donne une idée, fut-ce indirectement de
la haine suscitée en Amérique latine par la domination impérialiste et en
particulier par les Etats-Unis.
Ces peuples ont été exploités, opprimés pendant des siècles. Leurs richesses
naturelles ont été pillées. Pour tirer bénéfice de la culture de la canne à
sucre, du coton on leur a imposé l’esclavage. La mémoire de ce passé de pillage,
d’oppression et d’exploitation survit d’autant plus qu’il continue sous d’autres
formes. La souffrance des victimes des putschs et des dictatures soutenues par
les Etats-Unis n’est pas seulement inscrite dans la mémoire collective, elle est
inscrite dans la chair de millions de femmes et d’hommes en lettres de sang.
La présence aux obsèques de Chavez de tant de chefs d’Etat ou de leurs
représentants a montré que ceux-ci reconnaissaient en lui un des leurs. Chavez
était intégré au concert des chefs d’Etat et au monde capitaliste.
Chavez ne combattait pas réellement l’impérialisme car il ne combattait pas
la base sur laquelle il repose : la propriété capitaliste. Si l’État a pris, en
partie, le contrôle de l’industrie pétrolière, il n’a pas exproprié les classes
possédantes. Les riches ont continué à prospérer et sont toujours les maîtres de
l’économie. Quant à « l’ennemi américain » il continue de piller le pétrole tant
et si bien que le Venezuela est resté son principal fournisseur.
Malgré les mesures sociales, le pays est empêtré dans le sous-développement.
Redistribuer aux plus pauvres une partie de la rente pétrolière n’a pas supprimé
les inégalités, le chômage et la misère car l’économie du pays continue d’être
pillée et dominée par les grandes puissances.
Sauf mettre à bas l’impérialisme, il n’y a pas d’échappatoire pour les pays
pauvres. Et cela ne peut pas être le fait d’un homme providentiel car il ne
s’agit pas seulement de remplacer un homme par un autre. Il s’agit de
transformer les bases de la société, de remettre en cause la propriété
capitaliste et faire en sorte qu’il n’y ait plus de privilèges et de
privilégiés.
Cela ne peut se faire sans que la classe ouvrière s’en mêle. Cela ne peut se
faire que collectivement, par l’organisation consciente de tous les exploités
prenant la direction de l’économie. C’est la seule voie qui peut faire en sorte
que dans des pays comme le Venezuela, l’Algérie, le Niger, le Gabon et bien
d’autres encore, la grande majorité de la population ne soit pas condamnée à la
misère.
En revenant des obsèques de Chavez, le ministre socialiste de l’outre-mer a
déclaré, en substance, que le monde gagnerait si, parmi les dirigeants des pays
pauvres, il y en avait qui ressemblaient à Chavez. Quelle hypocrisie ! Si tant
de régimes pourris et corrompus perdurent en Afrique, c’est en raison du
soutien, au besoin militaire, de l’impérialisme français. Et ce, que le
gouvernement soit de droite ou de gauche.
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