Pendant que les guignols s’agitent, patronat et
gouvernement sont à l’offensive
Revotera,
revotera pas ? Implosera, implosera pas ? Voilà où en est l’UMP après
huit jours de guerre fratricide entre Copé et Fillon. Suspense, haines, argent,
pouvoir, il y a là tous les ingrédients d’un feuilleton qui peut tenir le petit
monde politico-médiatique en haleine encore longtemps. Mais, à moins d’être
amateur de séries à la Dallas ,
le spectacle est d’un intérêt très limité.
La crise de l’UMP ne recouvre pas de
réelles divergences politiques. Copé est présenté comme le tenant de la droite
dure, Fillon est censé incarner une droite plus modérée. Mais Fillon, Premier
ministre de Sarkozy, a apporté son soutien à la politique de Hortefeux et de
Guéant et il n’a rien trouvé à redire au débat nauséabond sur l’identité
nationale. Sur le fond, rien ne les sépare, si ce n’est leur égo et leur
ambition personnelle.
On pourrait en rire et bien en rire. Mais
pendant que la droite amuse la galerie, le patronat et le gouvernement prennent
des décisions lourdes de conséquences pour les travailleurs.
Licenciements, augmentation des cadences,
petits boulots et salaires de misère : le patronat poursuit ses attaques
contre les travailleurs avec la bénédiction du gouvernement. Augmentation de la TVA , taxe sur les retraites,
sur le tabac, sur l’alcool, restrictions sur les services publics, blocage des
salaires dans la fonction publique : le gouvernement attaque les classes
populaires avec les félicitations du Medef.
Hollande promettait le changement ?
Il est dans la continuité de Sarkozy. Et non content de se plier aux quatre
volontés du patronat, le gouvernement reprend sa politique mot pour mot. Alors
que la compétitivité a toujours fait partie du chantage patronal pour baisser
les salaires et imposer des sacrifices aux travailleurs, elle est désormais le
nouveau cheval de bataille du gouvernement.
Hollande en campagne électorale avait
déclaré : « Je considère la hausse de la TVA inopportune, injuste,
infondée et improvisée, (…) la compétitivité n’est qu’un faux prétexte. Ce
n’est pas en baissant les cotisations patronales de quelques points qu’il y
aura quelque progrès que ce soit dans notre commerce extérieur ». Le
reniement ne pouvait être plus grossier car c’est bien au nom de cette
compétitivité que Hollande vient de faire cadeau de 20 milliards au patronat et
d’augmenter la TVA.
Le gouvernement ne veut rien refuser au
patronat. Celui-ci demandait depuis des années la remise à plat du marché du
travail, le voilà servi avec l’organisation de la conférence sociale où
patronat et syndicats sont censés discuter droit du travail, salaire, durée du
temps de travail, flexibilité. Si le patronat et les syndicats ne parviennent
pas au « compromis historique » que Hollande appelle de ses vœux, il
prendra ses « responsabilités » et nul doute qu’il fera ce que le
Medef demandera.
Confrontés à la crise, les capitalistes
aggravent l’exploitation et licencient pour préserver leurs profits sans que le
PS au pouvoir ne trouve rien à redire. Le gouvernement a d’ailleurs programmé
l’augmentation du chômage pendant encore un an ! Et comment pourrait-il en
être autrement puisqu’il n’est pas question d’interdire les
licenciements ?
Pressé par la date du 1er décembre pour
trouver un repreneur pour Florange et dans le bras de fer qui l’oppose à
Mittal, Montebourg vient de brandir la menace de la nationalisation. Eh bien,
qu’il fasse donc ! Car pour l’instant ce ne sont que des mots.
Mais pourquoi faudrait-il racheter le site
à Mittal ? Les actionnaires d’ArcelorMittal en ont tiré des profits
colossaux pendant des années, eh bien cela devrait suffire ! Racheter le
site reviendrait une fois de plus à arroser de centaines de millions un
licencieur.
La nationalisation n’a d’intérêt pour les
travailleurs et pour la population de la région que si elle se fait avec la
garantie de maintenir les emplois menacés et s’il s’agit de nationaliser sans
indemnité ni rachat. Mais ce n’est pas à ce genre de nationalisation que pense
Montebourg.
Il y a dans le pays des centaines de sites
comme Florange où les travailleurs sont menacés d’être jetés à la rue. La seule
façon pour les travailleurs de se protéger de cette catastrophe est d’obtenir
l’interdiction des licenciements. Cela exige une lutte déterminée et ample mais
les travailleurs ne peuvent compter sur rien d’autre.
Pour défendre leur emploi, leur salaire et
leurs conditions de travail, les travailleurs vont avoir à se battre non
seulement contre le patronat, mais aussi contre le gouvernement.
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