mardi 27 novembre 2012

Editorial des bulletins d'entreprise Lutte Ouvrière du 26.11.12.


Pendant que les guignols s’agitent, patronat et gouvernement sont à l’offensive

Revotera, revotera pas ? Implosera, implosera pas ? Voilà où en est l’UMP après huit jours de guerre fratricide entre Copé et Fillon. Suspense, haines, argent, pouvoir, il y a là tous les ingrédients d’un feuilleton qui peut tenir le petit monde politico-médiatique en haleine encore longtemps. Mais, à moins d’être amateur de séries à la Dallas, le spectacle est d’un intérêt très limité.
     La crise de l’UMP ne recouvre pas de réelles divergences politiques. Copé est présenté comme le tenant de la droite dure, Fillon est censé incarner une droite plus modérée. Mais Fillon, Premier ministre de Sarkozy, a apporté son soutien à la politique de Hortefeux et de Guéant et il n’a rien trouvé à redire au débat nauséabond sur l’identité nationale. Sur le fond, rien ne les sépare, si ce n’est leur égo et leur ambition personnelle.
     On pourrait en rire et bien en rire. Mais pendant que la droite amuse la galerie, le patronat et le gouvernement prennent des décisions lourdes de conséquences pour les travailleurs.
     Licenciements, augmentation des cadences, petits boulots et salaires de misère : le patronat poursuit ses attaques contre les travailleurs avec la bénédiction du gouvernement. Augmentation de la TVA, taxe sur les retraites, sur le tabac, sur l’alcool, restrictions sur les services publics, blocage des salaires dans la fonction publique : le gouvernement attaque les classes populaires avec les félicitations du Medef.
     Hollande promettait le changement ? Il est dans la continuité de Sarkozy. Et non content de se plier aux quatre volontés du patronat, le gouvernement reprend sa politique mot pour mot. Alors que la compétitivité a toujours fait partie du chantage patronal pour baisser les salaires et imposer des sacrifices aux travailleurs, elle est désormais le nouveau cheval de bataille du gouvernement.
     Hollande en campagne électorale avait déclaré : « Je considère la hausse de la TVA inopportune, injuste, infondée et improvisée, (…) la compétitivité n’est qu’un faux prétexte. Ce n’est pas en baissant les cotisations patronales de quelques points qu’il y aura quelque progrès que ce soit dans notre commerce extérieur ». Le reniement ne pouvait être plus grossier car c’est bien au nom de cette compétitivité que Hollande vient de faire cadeau de 20 milliards au patronat et d’augmenter la TVA.
     Le gouvernement ne veut rien refuser au patronat. Celui-ci demandait depuis des années la remise à plat du marché du travail, le voilà servi avec l’organisation de la conférence sociale où patronat et syndicats sont censés discuter droit du travail, salaire, durée du temps de travail, flexibilité. Si le patronat et les syndicats ne parviennent pas au « compromis historique » que Hollande appelle de ses vœux, il prendra ses « responsabilités » et nul doute qu’il fera ce que le Medef demandera.
     Confrontés à la crise, les capitalistes aggravent l’exploitation et licencient pour préserver leurs profits sans que le PS au pouvoir ne trouve rien à redire. Le gouvernement a d’ailleurs programmé l’augmentation du chômage pendant encore un an ! Et comment pourrait-il en être autrement puisqu’il n’est pas question d’interdire les licenciements ?
     Pressé par la date du 1er décembre pour trouver un repreneur pour Florange et dans le bras de fer qui l’oppose à Mittal, Montebourg vient de brandir la menace de la nationalisation. Eh bien, qu’il fasse donc ! Car pour l’instant ce ne sont que des mots.
     Mais pourquoi faudrait-il racheter le site à Mittal ? Les actionnaires d’ArcelorMittal en ont tiré des profits colossaux pendant des années, eh bien cela devrait suffire ! Racheter le site reviendrait une fois de plus à arroser de centaines de millions un licencieur.
      La nationalisation n’a d’intérêt pour les travailleurs et pour la population de la région que si elle se fait avec la garantie de maintenir les emplois menacés et s’il s’agit de nationaliser sans indemnité ni rachat. Mais ce n’est pas à ce genre de nationalisation que pense Montebourg.
     Il y a dans le pays des centaines de sites comme Florange où les travailleurs sont menacés d’être jetés à la rue. La seule façon pour les travailleurs de se protéger de cette catastrophe est d’obtenir l’interdiction des licenciements. Cela exige une lutte déterminée et ample mais les travailleurs ne peuvent compter sur rien d’autre.
     Pour défendre leur emploi, leur salaire et leurs conditions de travail, les travailleurs vont avoir à se battre non seulement contre le patronat, mais aussi contre le gouvernement.

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