Le
12 septembre, le tribunal de Casablanca a jugé six militants du Mouvement
du 20 février marocain. Cinq ont été condamnés à des peines de plusieurs
mois de prison ferme, et une militante à six mois de prison avec sursis. Les
six devront payer une amende de plus de 50 000 dirhams, soit plus de 4
500 euros, alors que le salaire minimum dans l'industrie est de 2
400 dirhams par mois, soit 218 euros environ. Tout cela pour avoir
osé manifester pacifiquement dans la rue. Des condamnations similaires avaient
déjà eu lieu en février dernier, à Taza.
Le Mouvement du 20 février (M20) est
né en 2011, lors des mouvements en Égypte, en Tunisie, au Yémen, entre autres,
qualifiés de « printemps arabe ». Les manifestants marocains réclamaient une
réforme en profondeur de la monarchie pour plus de liberté, de respect, de
justice sociale et pour l'arrêt de la corruption à tous les niveaux de
l'appareil d'État. Beaucoup avaient espéré que la population marocaine dans son
ensemble se soulèverait et que cela permettrait la mise en place d'un système
politique où le roi Mohamed VI aurait moins de pouvoir. Mais, après que le
mouvement fut retombé et pour s'assurer le calme, quelques mois plus tard, le
roi a fait voter une nouvelle Constitution qui sur le fond n'a rien changé.
Aujourd'hui, le M20 existe toujours.
Composé de militants appartenant à des partis politiques, syndicats ou
associations, il continue d'appeler régulièrement à des rassemblements dans les
grandes villes du pays. Cela a été le cas en février, mai, juillet et août et,
à chaque fois, ce sont quelques centaines d'étudiants et travailleurs qui
manifestent. Chaque fois, il y a des arrestations avec, pour certains des
manifestants, le maintien en prison en attendant un éventuel jugement. Selon
l'AMDH, association pour la défense des droits de l'homme, des dizaines de
militants seraient actuellement en attente en prison. Le M20 a, quant à lui,
dénoncé à plusieurs reprises la mort de manifestants sous les coups de la
police depuis février 2011.
Les condamnations du 12 septembre
sont un signe fort envoyé à tous ceux qui voudraient continuer à revendiquer :
ce sera la prison ferme ! Malgré cela, certains continuent de se faire entendre
par leurs rassemblements et manifestations, dans un pays où la misère et les
bidonvilles sont toujours là pour une grande partie de la population, où près
de 70 % des jeunes de moins de trente ans sont au chômage, alors que, dans le même
temps, les deux tiers de la richesse nationale sont détenus par à peine 10 %
des plus riches... dont le roi.
Malika Nuper
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