Le
rapport de force avec le patronat dépend de nos luttes, pas des urnes
Hollande
et Sarkozy restent seuls en lice pour le deuxième tour, avec Hollande donné
gagnant.
« Étendre le rassemblement à tous les
républicains qui ne veulent plus de Nicolas Sarkozy », affirme l’état-major de Hollande, en visant
l’électorat centriste. L’opération de séduction est facilitée par Mélenchon qui
insiste, de son côté, sur le fait qu’il ne demandera « rien en
échange » pour son soutien à Hollande. Histoire de rassurer
l’électorat centriste sur le fait qu’il ne fallait pas prendre au sérieux ses
envolées contre la finance ou la demande d’augmentation des salaires et d’un
smic à 1700 euros. Non, Mélenchon ne demande rien à Hollande, pas plus que le
PCF qui est derrière lui !
Si Hollande est élu, nombre de travailleurs
ressentiront un soulagement de voir Sarkozy débarrasser le plancher.
Mais les plans de licenciements reprendront de plus
belle, le patronat et les banquiers redoubleront d’efforts pour prélever sur
les exploités les profits que le marché n’est plus capable de leur donner. Et
Hollande, pas plus que Sarkozy, ne protégera les travailleurs contre
l’offensive patronale. Les marchés financiers invoqueront la dette pour exiger
des mesures d’austérité supplémentaires.
Le résultat de Marine Le Pen indique un
renforcement de l’extrême droite dans l’opinion publique. C’est une menace pour
les travailleurs. À commencer parce qu’elle véhicule des idées réactionnaires
aux antipodes des intérêts politiques du monde du travail. Car Marine Le Pen
prêche, comme Sarkozy, comme les autres, mais avec plus de virulence, qu’il
faut se serrer les coudes « entre Français », en mettant dans le même
sac les travailleurs et les milliardaires, les exploités et leurs exploiteurs.
La
seule perspective pour les travailleurs est, au contraire, d’opposer aux
patrons capitalistes de toutes nationalités les travailleurs de toutes origines
sur la base de leurs revendications de classe. Se laisser diviser en fonction
de ses origines serait un piège mortel pour le monde du travail.
Le renforcement de l’extrême droite est un
renforcement du camp patronal. Aujourd’hui, sur le plan des seules idées. Mais
qui oserait parier que cela ne se traduira pas, tôt ou tard, par des agressions
contre des travailleurs pas d’accord ?
L’élection
de Hollande ne protégera en rien les travailleurs contre cette menace. Car plus
sera grand le mécontentement provoqué par les mesures d’austérité que Hollande
sera amené à prendre sous la pression des milieux financiers, plus cela
renforcera l’extrême droite.
Seul le renforcement des forces qui se situent sur
le terrain des intérêts politiques de la classe ouvrière peut constituer un
contrepoids au renforcement de l’extrême droite et l’empêcher de s’arroger le
monopole de l’opposition à Hollande.
Pour ce qui concerne notre candidate Nathalie
Arthaud, les 200 000 votes qu’elle a obtenus pèsent bien peu dans les urnes.
Mais, lors des luttes futures, ceux qui auront voté pour elle seront des relais
irremplaçables. Car, en votant pour Nathalie Arthaud, ils se sont prononcés
pour que l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous
sans diminution de salaire ainsi que l’augmentation des salaires et des retraites
et leur indexation sur les hausses de prix, soient mises en tête des
revendications des futures luttes ouvrières. Ils ont affirmé leur conviction
qu’il ne faut pas laisser à la classe capitaliste la direction sans contrôle
des entreprises et des banques parce que l’usage qu’elle fait de son pouvoir
dictatorial va à l’encontre des intérêts de la société. Ils ont contribué à
montrer que le courant communiste est toujours présent.
./…
Pour le second tour, Lutte Ouvrière ne donne pas de
consigne de vote.
Aucun travailleur conscient ne peut évidemment
voter pour Nicolas Sarkozy. Certains de nos électeurs, confrontés au choix pipé
entre un ennemi ouvert des travailleurs et un faux ami, s’abstiendront ou
voteront blanc.
D’autres,
pour se débarrasser de Sarkozy, voteront pour François Hollande.
Quel
qu’ait été leur choix personnel, nous appelons les travailleurs, les victimes
de la crise à se retrouver tous ensemble dans les luttes contre le grand
patronat, les banquiers et le gouvernement.
Nous ne pourrons compter sur personne pour nous
défendre, ni sur le président de la République , ni sur le gouvernement. Mais nous
avons la force de nous défendre nous-mêmes, car c’est nous qui faisons tourner
l’économie. Si nous avons une claire conscience de nos intérêts matériels et
politiques et si nous sommes décidés à les imposer, notre force est
irrésistible !
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