Israël-Hezbollah :
Vers un second front ?
Publié le 26/06/2024
Confronté à une contestation
politique qui enfle,
Netanyahou semble décidé, pour se maintenir au
pouvoir, à ouvrir un second front en entrant dans une
guerre totale avec le Hezbollah, au sud du Liban.
Le 22 juin, alors que plus de
150 000 personnes manifestaient à Tel-Aviv pour exiger sa démission,
l’armée israélienne a intensifié les combats sur le front qui s’étend sur 120
km à la frontière entre le Liban et Israël.
Dimanche 23 juin, l’aviation et
l’artillerie ont mené des frappes contre une quinzaine de régions et localités
libanaises et, pour la première fois, Saïda, la troisième ville du pays, située
à 45 km de Beyrouth, a été visée. De son côté, le Hezbollah a répliqué en
lançant un drone explosif contre un site militaire dans le nord d’Israël et a
revendiqué cinq attaques en Galilée. La semaine précédente, il avait défié le
système de défense israélien en diffusant des images de sites
stratégiques : navires de guerre, réservoirs de pétrole et même l’aéroport
de la grande ville d’Haïfa.
Pour sauver sa place, Netanyahou,
qui se maintient au pouvoir grâce à ses alliés ultranationalistes d’extrême
droite, est prêt à toutes les fuites en avant. Il a obtenu de l’armée
israélienne une approbation des plans opérationnels pour une attaque
d’envergure. Celle-ci est présentée comme la seule manière d’assurer la
sécurité au nord du pays et de permettre aux 120 000 déplacés qui ont fui
la région de rentrer chez eux.
Jusqu’à présent, les États- Unis
se sont montrés hostiles à une extension de la guerre avec le Hezbollah. Mais
en avril dernier, après la riposte iranienne à l’attaque par Israël de son
consulat à Damas, Netanyahou a pu compter sur le soutien de ses alliés
impérialistes. Il sait qu’une offensive générale contre le Hezbollah au Liban
obligerait l’Iran à intervenir et entraînerait en retour une action américaine.
Ainsi, de hauts responsables de
l’administration Biden ont informé le chef du Conseil de sécurité nationale
israélien que les États- Unis s’engageaient à « soutenir pleinement Israël
en cas de conflit avec le Hezbollah ». Un peu plus tard, le chef de
l’armée américaine a averti que « les États-Unis ne seront pas en mesure
de défendre Israël en cas de guerre contre le Hezbollah comme ils l’ont fait
lors de l’attaque de missiles et de drones iraniens en avril ». Ces
déclarations contradictoires sont celles d’un pompier pyromane. Les dirigeants
de l’impérialisme américain ne souhaitent pas une extension du conflit, ils
prétendent hypocritement œuvrer à la paix et à la stabilité, mais ce sont
pourtant bien eux qui ont armé jusqu’aux dents Israël et lui ont laissé les
mains libres pour massacrer à Gaza.
Une logique d’extension des
conflits est ainsi à l’œuvre au Moyen-Orient. Si Netanyahou et ses manœuvres
odieuses en portent la responsabilité immédiate, c’est avant tout le résultat
de la mainmise des puissances impérialistes sur la région. Depuis un siècle,
pour préserver leurs intérêts, celles-ci n’ont cessé de dresser les peuples les
uns contre les autres, ont détruit des pays entiers, semé le chaos et la
barbarie.
Pour les peuples de la région, il
serait vital d’en finir avec ce système d’oppression qui entretient les conflits
entre une série de régimes rivaux ne valant pas mieux les uns que les autres et
qui sont tous à leur façon des rouages de l’ordre impérialiste.
Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2917)