Un demi-siècle en tout cas de révolte et d’obstination
1975, telle l’esplanade à 100 mètres de Paul-Éluard 1
En novembre 1975, de retour à Argenteuil, je commençais à enseigner dans un cours préparatoire qu’on m’avait confié à l’école primaire Paul-Éluard 1 dans le quartier du Val-Nord.
Je revenais alors vraiment à Argenteuil où j’étais né 23 ans plus tôt, en 1952. Paul-Langevin, Paul-Vaillant Couturier, puis trois années d’École normale d’instituteurs à Versailles. Il y avait eu Mai 68. J’avais 16 ans tout juste. J’en avais été. Mon bac en juin 1970. Puis, plusieurs années quelque peu tourmentées où je m’étais construit en surmontant des difficultés.
J’allais connaître une première année d’enseignement merveilleuse. Un beau début dans la profession. 19 élèves à une époque particulière où le quartier du Val-Nord était plus ensoleillé de plein emploi et d’associations. J’avais été accueilli par des chaleureux : la directrice, Madame Fouché, Christian Buono, un militant qui avait été un cadre du Parti Communiste Algérien. Je saurais bien plus tard qu’il était le frère de Maurice Audin. Nous n’étions pas loin de Mai 68.
J’avais décidé que ma vie serait celle d’un militant. Militant de Lutte ouvrière j’étais, militant je resterais.
À l’époque, cette organisation était bien petite. Elle avait existé à la Sagem. Elle existait de l’autre côté du pont à la Snecma-Gennevilliers avec un petit groupe de militants. Mais elle n’était rien face à un PCF totalement hégémonique sur la Ville avec ses cadres, ses centaines de militants, et ses milliers d’adhérents, qui animaient une vie politique et culturelle dynamique.
À Argenteuil, les groupes d’extrême-gauche qu’on appelait gauchistes existaient aussi, mais bien plus faibles que le PCF.
Moi, j’étais finalement très seul de Lutte ouvrière. Il fallait construire, développer, partager. Ce fut le début d’une longue histoire, celle également pour moi d’une nouvelle histoire. Elle dure jusqu’à ce jour autour de la même espérance, toujours aussi forte. DM



