Algérie : un
responsable syndical emprisonné
Lors d’un procès expéditif, Lounis Saïdi, le
secrétaire général de la Fédération des cheminots de l’UGTA, a été condamné à
deux ans de prison pour avoir appelé les cheminots à une grève générale
illimitée, qui devait démarrer le 7 juillet.
Publié le 30/07/2025
Avant le procès, les membres de la direction de la
Fédération des cheminots s’étaient réunis pour désavouer leur secrétaire, qui
jusque- là s’était toujours montré tout aussi docile et responsable qu’eux,
vis-à-vis de la direction de la SNTF (Société nationale des transports
ferroviaires). Mais Lounis Saïdi a sans doute été excédé de la politique de la
direction, qui a délibérément déserté une vingtaine de réunions de négociation
où devait être abordée la question des salaires.
Ce mépris affiché à l’égard des syndicats a été
vivement ressenti par les cheminots, mécontents d’être promenés de réunion en
réunion, alors que leurs conditions de travail se sont dégradées et que leurs
salaires sont gelés depuis des années.
En tout cas la nouvelle direction de la Fédération
des cheminots a annulé l’appel à la grève tandis que le ministre des
Transports, s’appuyant sur les récentes lois qui restreignent le droit de grève
et le droit syndical, menaçait de prison les travailleurs qui feraient grève.
En même temps, la direction de la SNTF lâchait des augmentations de salaires,
qu’elle avait toujours refusé : 10 % pour les travailleurs de l’exécution, 8 %
pour la maîtrise, 5 % pour les cadres, et 2 % pour les cadres dirigeants.
On voit combien en fait le pouvoir craint un
retour de la contestation, en particulier celle qui peut venir du monde du
travail. Cette condamnation de Lounis Saïdi s’ajoute à celles d’autres militants
comme Messaoud Boudiba, le secrétaire général du syndicat des enseignants, le
CNAPEST, qui est sous contrôle judiciaire, suite à la grève qui a eu lieu en
début d’année.
On voit aussi que l’arbitraire ne s’applique pas
uniquement à l’écrivain Boualem Sansal, ou à un journaliste comme Jean
Christophe Gleizes, qui bénéficient du soutien de la classe politique
française, mais touche tous les pans de la société. Il peut empêcher le
mécontentement de s’exprimer un temps, mais pas de croître.
Leïla Wahda (Lutte ouvrière n°2974)