Un
premier ministre de droite, sous contrôle de l’extrême droite
9/09/24
Après deux mois de tractations
qui ont tourné à la farce politicienne, nous voilà avec un Premier ministre de
droite qui ravit le patronat, et une Marine Le Pen en position de force !
En effet, Macron a nommé le LR Michel Barnier avec l’assurance que le RN ne le
renverserait pas immédiatement. L’intérimaire de Matignon est, de fait, à la
merci de Le Pen. Il faut donc s’attendre à une politique dure vis-à-vis des
travailleurs, et particulièrement vis-à-vis de la fraction immigrée de la
classe ouvrière.
Et Michel Barnier n’aura pas à se
forcer ! À son CV, il a 50 années de bons et loyaux services rendus à la
bourgeoisie, dans les institutions françaises ou européennes. Candidat à la primaire
de la droite pour la présidentielle de 2022, il prônait la retraite à 65 ans,
la suspension des indemnités chômage après deux refus d’offres « raisonnables »,
un moratoire sur l’immigration…
Barnier s’attaquera donc aux
travailleurs avec le soutien de Le Pen et Bardella. Ceux-ci en profitent, au
passage, pour se montrer responsables, répétant à l’envi qu’ils ne sont pas
pour le blocage et l’instabilité. Le RN roue de secours du système bourgeois,
voilà son vrai visage !
De leur côté, les dirigeants du
Nouveau Front populaire, premier groupe à l’Assemblée mais loin d’avoir la
majorité, ont été écartés du pouvoir par Macron. Ils crient au déni
démocratique et certains accusent même Macron d’avoir trahi le Front
républicain en s’en remettant à Le Pen.
Mais la véritable duperie est
dans ce Front républicain. C’était de se désister et d’appeler les électeurs de
gauche à voter pour la macronie, pour la droite, et même pour un Darmanin ou
une Borne. C’était de faire croire que tous ces gens-là seraient un barrage à
la montée de l’extrême droite et qu’ils étaient, d’une façon ou d’une autre, du
bon côté de la barricade.
Cette duperie-là est de la
responsabilité de la gauche. C’est elle qui a propagé cette illusion,
uniquement pour obtenir quelques élus de plus, car elle savait que Macron servait
la soupe au RN ! Elle savait qu’il avait fait un copié-collé de la
politique du RN avec la loi immigration !
De la gauche à l’extrême droite,
on trouve les mêmes politiciens : des opportunistes prêts à retourner leur
veste, et à s’allier à ceux qu’ils désignaient, la veille encore, comme leurs
pires adversaires.
Tous ces politiciens ont en
commun de se placer dans le cadre de l’organisation capitaliste de la société,
c’est-à-dire sous la domination des grandes familles bourgeoises qui contrôlent
l’essentiel de l’économie au travers de leurs trusts industriels et financiers.
Et tous se veulent des « gestionnaires loyaux », ce qui revient
toujours à se mettre au service des Arnault, Bolloré, Peugeot, Mulliez,
Dassault...
C’est pourquoi, malgré leur
variété, il n’y a jamais eu un seul gouvernement qui ait interdit au grand
patronat de fermer une usine et de licencier ou qui l’ait forcé à augmenter les
salaires. Et c’est dans l’ordre des choses : on ne peut pas être dans le
camp patronal ET dans celui des travailleurs. Dans le camp des exploiteurs ET celui
des exploités, dans le camp des licencieurs ET celui des licenciés.
Pour défendre leurs intérêts, les
travailleurs ont à construire un parti qui soit prêt à s’affronter à la classe
capitaliste, sa rapacité et sa loi du profit. Ce ne sera pas un énième parti de
politiciens, jouant les pantins du grand capital à l’Élysée ou à Matignon, mais
un parti de travailleuses et de travailleurs conscients que le grand patronat tient nos vies entre ses
mains, et que nous ne le ferons reculer qu’au travers de nos luttes et du
rapport de forces que nous imposerons.
Ce
parti doit être fondé sur la conviction que la grande bourgeoisie est
une classe parasitaire, irresponsable. Qu’il faut la renverser car elle mène
les travailleurs et la société à la ruine et à la guerre, comme c’est déjà le
cas dans bien des régions du monde. Il ne s’agit pas seulement d’arracher
quelques miettes à la bourgeoisie, de la forcer à nous rendre deux ans de retraite
ou de lui faire payer un peu plus d’impôts, il faut l’empêcher de nuire, en lui
enlevant le pouvoir.
L’idée
que les travailleurs peuvent peser par en bas, s’organiser, entrer en lutte et
postuler à la direction de la société, en lieu et place des rapaces que sont
les bourgeois, et des arrivistes que sont les politiciens, est très minoritaire
car, aujourd'hui, les travailleurs ne s’en sentent pas capables.
Mais
s’il y a une chose, une seule chose, que doit faire un parti dans le camp des
travailleurs, c’est de populariser cette idée, car il n’y a pas d’autre voie
pour sortir l’humanité de la barbarie dans laquelle elle est en train de
plonger.
Nathalie Arthaud
Réunion de rentrée de Lutte ouvrière-Argenteuil
Jeudi 19 septembre
19 H.30
Espace Nelson Mandela