Il n’y
aura pas de changement sans mobilisation massive et consciente des travailleurs !
8/07/2024
Ceux
parmi les travailleurs qui ont vu dans le Rassemblement national un moyen de
dégager Macron se sentent floués par la tambouille politicienne qui lui a fait
barrage. À l’inverse, pour ceux qui craignaient la politique du RN et ses
attaques anti-immigrés, la relative victoire du Nouveau Front populaire est un
soulagement.
Mais, à
moins d’une explosion sociale venant de la classe ouvrière, ce soulagement ne
peut être que de courte durée. Car la société continue de s’enfoncer dans la
crise. Et il ne s’agit pas seulement de l’instabilité politique et d’une
majorité introuvable qui risquent de condamner le prochain gouvernement à la
paralysie, mais de l’aggravation de la crise économique.
Les
faillites d’entreprises se multiplient, menaçant des dizaines de milliers
d’emplois. La pression des financiers sur l’État, endetté à hauteur de 3000
milliards, est plus forte que jamais. Les rivalités entre grands groupes
capitalistes sont exacerbées. Elles ont déjà pesé grandement sur la guerre en
Ukraine, tandis que les États-Unis et la Chine se préparent à s’affronter
militairement.
Dans ce
contexte, même avec l’arrivée d’un gouvernement de gauche, personne ne peut
croire au Père Noël. La grande bourgeoisie continuera d’imposer du sang et des
larmes aux travailleurs et le gouvernement, à son service, l’y aidera. Et ce ne
sera pas la première fois que les Hollande, Faure et même Mélenchon
cautionneront les licenciements, les fermetures d’entreprises et la rigueur
pour le monde du travail !
Un tel
gouvernement ne protègera pas non plus les travailleurs d’origine étrangère du
rejet, voire de la haine raciste. Ce poison est présent dans toute la société,
y compris au cœur de l’appareil d’État et dans la police. Et il va continuer
d’agir, car le RN ne s’est pas affaibli. Son poids politique et son influence
sur toute la société n’ont même jamais été aussi élevés. Et il ne pourra que se
renforcer quand, au fil des mois, le ou les prochains gouvernements montreront
qu’ils n’ont rien d’autre à proposer aux travailleurs que de nouveaux reculs.
Rien de
positif ne surviendra pour le monde du travail sans affrontement avec la grande
bourgeoisie et à son système. Ce dont aucun politicien ne veut, car ils sont
tous des serviteurs fidèles du capitalisme.
Pour
défendre leurs intérêts, il faut que les travailleurs retrouvent le chemin des
luttes collectives, en ayant conscience qu’il faut renverser la domination de
la bourgeoisie.
Le
prochain gouvernement s’appellera peut-être Nouveau Front populaire en
référence à mai-juin 1936 où les travailleurs ont obtenu les congés payés et la
semaine de 40 heures. Mais, contrairement au mythe inventé par la gauche, ces
avancées n’ont pas été octroyées par Léon Blum et son alliance gouvernementale.
Elles ont été arrachées par une des grèves générales les plus puissantes que le
pays ait connues, avec une vague d’occupations d’usine.
C’est parce
qu’il craignait de tout perdre que le patronat de l’époque a accordé ces congés
payés, dont il n’était même pas question dans le programme du Front populaire.
Loin d’encourager la mobilisation victorieuse, le rôle du gouvernement Blum a
été, au contraire, de la canaliser pour que les ouvriers ne contestent pas la
propriété privée des usines et le pouvoir patronal.
Le
dernier acte politique de la Chambre de Front populaire fut de voter les pleins
pouvoirs au maréchal Pétain. Autrement dit, le Front populaire n’a ni protégé
les travailleurs, ni fait barrage au fascisme et à la guerre. Cette histoire
doit nous servir de leçon.
Le
capitalisme nous condamne à l’exploitation et à la destruction de la planète.
Il fait sombrer la société dans les inégalités, les haines nationalistes et
racistes, les guerres. Seule la puissance et l’unité du monde du travail,
mobilisé contre la grande bourgeoisie, peuvent l’empêcher.
Dans
cette perspective, il faut construire un parti regroupant des travailleurs de
toutes origines autour de la conscience que le monde du travail reste la seule
force révolutionnaire.
Demain,
même s’il n’y a pas de gouvernement durable, la société continuera pourtant de
tourner, car nous, travailleurs, en sommes la base. Les richesses, les profits
et le capital de la bourgeoisie ne peuvent pas s’accumuler sans nous. Nous
sommes indispensables. Cela nous donne le moyen de nous faire respecter et de
nous battre, mais aussi et surtout de renverser le pouvoir de la bourgeoisie afin
de diriger nous-mêmes la société.
Nathalie Arthaud