Rassemblement
national : déjà à plat ventre devant le grand patronat
Publié
le 03/07/2024
Plus le
RN s’approche du pouvoir, plus il cherche à démontrer au grand patronat qu’il
sera, comme tous ses prédécesseurs, un fidèle serviteur des intérêts
capitalistes.
Le RN
ayant besoin des voix populaires pour s’imposer, il n’a pas lésiné ces
dernières années sur les déclarations hostiles à l’« oligarchie financière » ou
aux « superdividendes », au moins autant pour gagner des voix ouvrières que
pour gagner celles des petits patrons. C’est à ceux-ci que Marine Le Pen
s’adressait, il y a quelques années, quand elle opposait « les faux patrons
sortis des grandes écoles » aux « vrais patrons, ceux des PME- PMI ».
C’est
le propre de tous les démagogues de dire à leurs électeurs ce qu’ils ont envie
d’entendre. Mais, du moment où le RN a commencé à envisager sérieusement une
arrivée au pouvoir à l’élection présidentielle de 2027, ses cadres ont, plus ou
moins discrètement, commencé à rencontrer les milieux d’affaires pour les
convaincre qu’il peut être un parti bourgeois comme les autres, soucieux du
cours de la Bourse, de la bonne santé des profits et de la satisfaction des
moindres désirs du Medef.
C’est
ainsi qu’à l’automne dernier, Marine Le Pen s’est affichée dans un luxueux
restaurant parisien avec Henri Proglio, ex-patron de Veolia, ou que Jordan
Bardella est allé au même moment « parler avec la France qui réussit »
dans un colloque organisé par l’école de commerce HEC. À la veille des
élections européennes, Bardella est allé s’agenouiller devant le Medef pour
faire allégeance, en compagnie de la rassurante figure d’Éric Ciotti.
Après
la dissolution de l’Assemblée, le RN a changé de braquet et expliqué que Jordan
Bardella, qui « compose son gouvernement », est à la recherche d’un
ministre de l’Économie capable de « rassurer les marchés », c’est-à-dire
les spéculateurs du CAC 40 et les banquiers.
Le RN a
longtemps prospéré sur son prétendu rejet du « système des grands partis », ce
qu’il appelait naguère l’« UMPS. » Il se félicite maintenant d’avoir fait
alliance avec une partie des LR, et veut montrer son vrai visage en matière
économique. Le « premier parti ouvrier de France », comme il se plaît à se
décrire, fait désormais la cour aux patrons du CAC 40 et aux banquiers pour
trouver à qui confier les commandes de Bercy. Il aurait ainsi, selon la presse,
approché Henri de Castries, ancien PDG d’AXA, ou le banquier d’affaires
Philippe Villin, spécialiste des fusions-acquisitions et éminence grise depuis
vingt ans de tous les grands patrons, de celui de L’Oréal à ceux de Sanofi,
Total ou Safran.
Que ces
bourgeois acceptent ou non de gouverner avec le RN, le seul fait que ce parti
les sollicite en dit long sur ce qu’il sera une fois arrivé au pouvoir :
servile avec le patronat, impitoyable avec les travailleurs.
Pierre Vandrille (Lutte ouvrière n°2918)