Vaulx-en-Velin
: des quartiers populaires à l’abandon
11 Janvier 2023
Après le dramatique incendie du
15 décembre dans une tour délabrée du quartier du Mas du Taureau, qui a fait
dix morts dont quatre enfants, la population de Vaulx-en-Velin s’était
organisée pour affirmer sa solidarité avec les victimes et soutenir les
rescapés.
Au fil des jours qui ont suivi le
drame, chez les habitants de cette ville de la banlieue lyonnaise la stupeur a
peu à peu laissé la place à la colère. Car même si l’origine du feu reste pour
l’heure inconnue, il est évident que le bilan n’aurait pas été aussi lourd dans
un immeuble en bon état. Cela fait des années que les habitants du Mas du
Taureau alertent les autorités sur les risques que représentent l’insalubrité,
le manque d’entretien, l’encombrement des halls d’entrée et des montées
d’escaliers, et la présence des dealers.
Ni l’État ni la mairie ne font
quoi que ce soit pour remédier à ces problèmes connus de tous. Aujourd’hui
encore, dans le quartier voisin de la Grappinière, où une personne est décédée
dans un autre incendie en janvier 2022, des résidents de HLM signent des
pétitions pour dénoncer la vétusté des installations électriques et la
condamnation de certaines portes d’évacuation. Ils ne reçoivent pas plus de
réponse qu’avant, malgré l’incendie du mois de décembre.
Car derrière les discours des
politiciens au pouvoir, qui se déplacent pour promettre leur soutien quand une
catastrophe a fait venir des caméras, la réalité reste la même. Pire, comme
dans toutes les communes pauvres aux budgets insuffisants, la situation
continue de se dégrader à Vaulx-en-Velin.
En ce début d’année, la mairie
met en œuvre toute une série de restrictions pour limiter son déficit
budgétaire, aggravé par la flambée des coûts de l’énergie : fermeture du
planétarium pour un mois, fermeture du cinéma municipal pour un an, diminution
du chauffage dans les infrastructures de la ville, annulation de tous les
séjours scolaires, diminution des dotations aux écoles pour les fournitures, et
même suppression — en toute discrétion — d’une partie du menu de tous les repas
servis aux élèves dans les cantines scolaires.
Pour ne pas risquer la mort dans
des ghettos insalubres ni se laisser priver de l’accès aux loisirs et aux
services élémentaires, les habitants des quartiers populaires devront compter
sur leur mobilisation.
Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2841)