Mélenchon
: troisième tour de manège
27 Avril 2022
Mélenchon appelle les électeurs
de gauche à le propulser Premier ministre de Macron par un vote majoritaire aux
législatives de juin. Cette politique, qui a été celle du PS et du PC depuis
plusieurs décennies, est un piège pour la classe ouvrière.
Même si Mélenchon cherche à donner
à l’Union populaire une apparence radicale, il n’est pas plus crédible que
Mitterrand, son modèle, affirmant en 1971 : « Celui qui n’accepte
pas la rupture avec la société capitaliste (...) ne peut pas être
adhérent du Parti socialiste. »
À l’époque, Mitterrand avait
obtenu des dirigeants du PC qu’ils mobilisent leurs militants pour faire
campagne pour lui, lui permettant sa victoire en 1981. Le résultat a été
désastreux pour la classe ouvrière. Dès 1983, la gauche au pouvoir tournait le
dos à toutes ses promesses, bloquant les salaires, licenciant des dizaines de
milliers de travailleurs, notamment dans la sidérurgie et la téléphonie. Elle
démoralisa ainsi profondément les militants et les électeurs du PS et du PC,
favorisant la montée des idées réactionnaires, désorientant les travailleurs,
au point qu’une partie d’entre eux en est arrivée à voter pour l’extrême
droite.
Les cohabitations ont aussi été
testées. La dernière en date est celle entre Chirac, dans le rôle du président,
et Jospin dans celui du Premier ministre d’un gouvernement de « gauche
plurielle », entre 1997 et 2002. C’est précisément à la fin de cette
cohabitation que l’extrême droite parvint pour la première fois au second tour
de l’élection présidentielle, en la personne de Le Pen père.
Mélenchon affirme que les
législatives peuvent permettre de « battre Macron » et de
« choisir un autre chemin ». Mais, encore une fois, il trompe les
travailleurs en essayant de leur faire croire que leur sort dépend des
politiciens au gouvernement, alors que la réalité du pouvoir appartient à la
grande bourgeoisie qui domine toute la société.
Par ailleurs, comment croire
qu’on aura une Assemblée nationale composée pour moitié de députés Union
populaire ? D’une part, le mode de scrutin des législatives et le
calendrier électoral ont été conçus de façon à favoriser les partis qui se
partagent le pouvoir. De plus, si l’Assemblée reflétait fidèlement les rapports
de force électoraux, elle serait aujourd’hui très majoritairement de droite.
Mélenchon le sait. En réalité, son objectif n’est pas de s’installer à
Matignon, mais d’augmenter le nombre de députés de LFI, et d’asseoir la
domination de son parti à gauche.
Dans un monde qui s’enfonce de
crise en crise à une échelle planétaire, les travailleurs conscients n’ont pas
à placer leurs espoirs dans l’élection de députés. Le seul espoir réaliste
tient dans leur capacité à se mobiliser pour renverser le pouvoir des
capitalistes.
Thomas Baumer (Lutte ouvrière n°2804)