mardi 4 mai 2021

État, armée : la longue tradition réactionnaire de l’armée. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine

La longue tradition réactionnaire de l’armée

28 Avril 2021

Les cris d’orfraie, poussés par une partie du monde politique à propos de la tribune de militaires sur un possible recours à l’armée pour rétablir l’ordre dans le pays, relèvent d’une profonde hypocrisie.

L’intervention des militaires est une vieille tradition politique, partie intégrante de l’histoire de la république bourgeoise en France.

Le premier coup d’État mit au pouvoir le général Napoléon Bonaparte, le 18 brumaire “de l’an 8” (9 novembre 1799), pour finir d’enterrer la Première République bourgeoise. Le deuxième coup d’État, le 2 décembre 1851, porta le coup de grâce à la Seconde, après la répression antiouvrière de juin 1848, pour installer le Second Empire. Quant à l’installation au long cours de la république parlementaire, elle se fit aussi sous le contrôle direct de l’armée et de sa furie antiouvrière. Le premier président de la Troisième République, en 1871, fut le général Mac Mahon, celui qui commanda les troupes de l’armée versaillaise pour écraser la Commune de Paris en mai 1871, assassinant 20 000 femmes et hommes pour établir l’ordre dit républicain. C’est un autre massacreur des communards, le général Boulanger, ministre de la Guerre jusqu’en 1886, qui fut à deux doigts de conduire un nouveau coup d’État en 1889, appuyé par toute une partie de l’armée. Ses hésitations, et non une quelconque riposte, mirent fin à cette aventure.

C’est la Chambre de Front populaire qui mit fin à la Troisième République en confiant des pouvoirs dictatoriaux au maréchal Pétain en juin 1940. Mais toute l’histoire suivant la Deuxième Guerre mondiale a encore été marquée par l’empreinte de l’armée sur la vie politique du pays, jusqu’aux coups d’État militaires, réussi pour l’un, le 13 mai 1958, et manqué pour l’autre, le 21 avril 1961. La Quatrième République tomba en effet après le coup d’État du 13 mai 1958 à Alger, véritable insurrection de l’armée contre le pouvoir politique à Paris. C’est grâce à celui-ci que De Gaulle fut rappelé au pouvoir. Et c’est aussi ce coup d’État qui permit d’instituer la Cinquième République, encore en place aujourd’hui.

L’armée se souleva une nouvelle fois sous la direction des généraux Challe, Salan, Jouhaud et Zeller, pour installer un pouvoir militaire à Alger le 21 avril 1961, menaçant de débarquer à Paris pour s’opposer à la politique de De Gaulle. À la suite de l’appel à l’insubordination, adressé par celui-ci aux appelés du contingent, et de leur réaction immédiate, ce putsch fut mis en échec. Reste que toute une partie de l’encadrement de cette armée de métier appuya tout un temps la rébellion conduite par l’OAS contre le pouvoir, et visant à l’instauration d’un régime dictatorial dans le pays.

Si, aujourd’hui, le pays n’est pas vraiment sous la menace d’un coup d’État militaire, les pressions politiques du haut état-major de l’armée sont permanentes. Quand des militaires d’aujourd’hui lancent un appel évoquant « l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles », on voit donc très bien à quoi ils pensent et dans quelle tradition ils se placent.

                                                                   Paul SOREL (Lutte ouvrière n°2752)

 


 

Argenteuil, EPT Boucle Nord de la Seine : consultation et perspective « Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) » : Cap Héloïse hors-jeu ! »

 

Une cohérence attendue

 


Une contribution personnelle dans le cadre de mon action de défense de la salle Jean Vilar et de L’île Héloïse

Il y a un certain nombre de données qui n’aident pas à la réalisation de bonnes conditions environnementales particulièrement sur le territoire de l’EPT Boucle Nord de la Seine. L’existence du grand port fluvial de Paris-Gennevilliers apporte certes des ressources mais également d’énormes contraintes sur le plan de la pollution des particules en particulier (il serait déjà intéressant de donner une information fiable sur le sujet), due en particulier aux multiples entreprises de déchets sur le site. Un autre problème qui me semble extrêmement prégnant est celui de la pollution atmosphérique liée à l’usage des voitures et des camions. La configuration du territoire avec sa ligne de collines qui bordent Argenteuil et la configuration du réseau autoroutier n’aident pas, faisant stagner ces particules dans ce bord de cuvette.

         Ces pollutions ne peuvent être supprimées dans le cadre de la société actuelle, car pour le réaliser, cela nécessiterait bien des transformations fondamentales au niveau des transports et des localisations industrielles et de rupture de charges. Elles peuvent au moins être réduites.

         Mon propos est donc d’en rester à ce qui est aujourd’hui à la portée du possible.

         Sur ce plan, un sujet concerne directement Argenteuil mais aussi les autres communes du Territoire que le nom de celui-ci indique : « Boucle nord de la Seine ».

         Le fleuve a porté l’histoire de cet espace. Tout ce qui enrichit le fleuve enrichit le territoire. Tout ce qui abîme le fleuve l’abîme.

         Aux berges du fleuve devrait être portée toute l’attention de l’EPT. Celles qui ne sont pas encore abîmées doivent être préservées. Les mauvais coups qui lui sont portés doivent être empêcher.

         En liaison avec les communes qui jouxtent sur le fleuve Argenteuil, Épinay-sur-Seine et Bezons, certes qui ne relèvent pas du Territoire, un travail important doit être engagé pour réaliser la résurrection du chemin de halage en continuité. La rupture de continuité d’Argenteuil doit être supprimée. Pour l’EPT, cela aurait pour résultat la belle résurrection du lien entre le fleuve et sa rive sur une section de plusieurs kilomètres.

         Cela signifie que l’EPT et son président doivent mettre toute leur détermination pour rendre la RD111 en voie de circulation douce, pour rétablir une véritable berge accessible en continuité, et bien sûr, pour mettre un terme au plus vite au projet appelé « Cap Héloïse » qui veut artificialiser définitivement un espace de rive majeur en y installant face au fleuve une énorme verrue contraire à tous les espoirs d’amélioration environnementale.

Dominique MARIETTE, 7 rue du Temple 95100 Argenteuil, enseignant d’histoire-géographie à la retraite. Cf, le petit ouvrage, Argenteuil, une géographie

lundi 3 mai 2021

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise de ce lundi 3 mai 2021

Taxer les capitalistes ne suffit pas, il faut les exproprier !

3 mai 2021

Depuis que Biden, le président des États-Unis, a annoncé vouloir taxer les plus riches et les grands groupes capitalistes, les leaders de la gauche gouvernementale sont en extase. Roussel, le dirigeant du PCF, s’est même exclamé : « C’est incroyable … j’ai l’impression qu’il a pris sa carte au PCF... Le plan qu’il met en œuvre est un plan révolutionnaire ».

On pourrait en rire si ce n’était aussi triste : au pouvoir, les partis de gauche ont été incapables ne serait-ce que d’augmenter les impôts des plus riches, et les voilà transis d’admiration pour Biden, le chef de la première puissance impérialiste !

Biden n’est pas plus l’ami des travailleurs que ne le sont Macron, Xi Jinping ou Poutine. Il cherche à donner un coup de fouet à l’économie de son pays et aux affaires de la bourgeoisie américaine. Et Wall Street, qui a applaudi son arrivée au pouvoir et vient de retrouver son niveau d’avant Covid, s’en félicite !

Les annonces de Biden sont en grande partie bidon. Elles se bornent pour l’essentiel à annuler les baisses d’impôts opérées par Trump et n’entreront en vigueur que si le Sénat les valide. Quant à la taxation internationale des multinationales qu’il brandit, elle reste purement hypothétique.

L’enthousiasme des partis de gauche ne fait pas de Biden un socialiste ! Cela montre seulement le degré d’abaissement atteint par le PS, le PCF ou encore La France Insoumise.

Le prétendu « socialisme » des partis de gauche tient désormais en un slogan : « Taxer les plus riches pour mieux partager les richesses ». Que les plus riches, la bourgeoisie et les grands actionnaires soient mis à contribution serait bien la moindre des choses !

Pour l’année 2020, Arnault touchera 1,5 milliard de dividende de ses actions dans LVMH, soit quatre millions pour chaque jour de l’année. Grâce à son paquet d’actions dans L’Oréal, Meyers-Bettencourt encaissera plus de deux millions par jour. Et pendant ce temps, le gouvernement baisse les allocations de plus d’un million de chômeurs. Il mégote sur les salaires des soignants, la formation et l’embauche de personnel. Il fait planer la menace d’une nouvelle réforme des retraites. Il n’y a aucune raison de l’accepter. Satisfaire les besoins des travailleurs exige de prendre sur les profits de la bourgeoisie !

Ce n’est pas une question de « justice fiscale », car quelle justice attendre d’une société basée sur l’exploitation ? C’est une question de lutte de classes, de rapport de forces, de luttes collectives. C’est une question de défense de nos intérêts vitaux et, pour cela, il ne faut pas compter sur un homme providentiel, mais sur nos propres forces.

Taxer les capitalistes ne leur retire pas leur pouvoir de nuire. Cela ne leur enlève pas le pouvoir d’exploiter les travailleurs, d’écraser les salaires, d’imposer des conditions de travail de plus en plus difficiles aux uns et de licencier les autres. Cela ne leur enlève pas le droit de dominer la société du haut de leurs capitaux et de leur propriété privée.

Un des problèmes de l’heure est celui des brevets sur les vaccins anti-Covid qui freinent leur production massive. Chaque semaine de retard dans la vaccination se solde, ici en France, par 1200 morts supplémentaires. En Inde, réputée pour être, avec la Chine, « l’armoire à pharmacie mondiale », la pénurie de vaccins et d’oxygène fait officiellement plus de 4000 morts chaque jour, et sans doute bien davantage !

En s’arc-boutant sur leur propriété privée, les actionnaires des trusts pharmaceutiques se conduisent en criminels. On ne réglera pas le problème en les taxant davantage, mais en les expropriant et en organisant la production de vaccins en dehors de toute loi du profit, en dehors de la concurrence et du marché.

Si la crise sanitaire est devenue catastrophique, c’est en grande partie parce que la classe capitaliste ne jure que par ses profits. Pour la même raison, elle est à l’origine du chômage de masse, des inégalités, de la crise écologique et des guerres. C’est encore elle qui nous enfonce dans une crise économique sans fin et nous place en permanence sous la menace d’un nouveau krach financier. Tant que cette classe dirigera, elle sera un obstacle au progrès des travailleurs et de la société.

Plus que faire payer la bourgeoisie, il faut lui enlever les rênes de la société, renverser son pouvoir en l’expropriant. Cela a été l’objectif des premières générations de militants qui se sont réclamés du socialisme et du communisme. Il doit rester celui de tous ceux qui visent à l’émancipation des exploités. Le monde ouvrier fait déjà le plus difficile : il fait fonctionner la société malgré la crise. S’il en est capable, c’est qu’il peut la diriger !